Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/492

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces folies est une théorie sévère de la raison, de ce qu’elle peut et de ce qu’elle ne peut pas, de la raison enveloppée d’abord dans l’exercice des sens, puis s’élevant aux idées universelles et nécessaires, les rapportant à leur principe, à un être infini et en même temps réel et substantiel, dont elle conçoit l’existence, mais dont il lui est à jamais interdit de pénétrer et de comprendre la nature. Le sentiment accompagne et vivifie les intuitions sublimes de la raison ; mais il ne faut pas confondre ces deux ordres de faits, encore bien moins étouffer la raison dans le sentiment. Entre un être fini, tel que l’homme, et Dieu, substance absolue et infinie, il y a le double intermédiaire et de ce magnifique univers, livré à nos regards, et de ces vérités merveilleuses que la raison conçoit, mais qu’elle n’a point faites, pas plus que l’œil ne fait les beautés qu’il aperçoit. Le seul moyen qui nous soit donné de nous élever jusqu’à l’être des êtres, sans éprouver d’éblouissement ni de vertige, c’est de nous en rapprocher à l’aide du divin intermédiaire, c’est-à-dire de nous consacrer à l’étude et à l’amour de la vérité, à la contemplation et à la reproduction du beau, surtout à la pratique du bien.


V. Cousin.