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IV.
Controverse philosophique et religieuse. — MM. Goerres, Hinrichs, Menzel, Rauwerck, Staudenmater, Ullmann.

Tandis que l’arrêté du 30 avril détermine pour quelque temps la situation des néo-catholiques, et avant que de nouveaux embarras se déclarent avec plus de force, je voudrais voir ce qui se passe dans le champ de la controverse philosophique et religieuse. Nous venons d’interroger le monde politique, la diplomatie, les arrêtés des cabinets allemands ; sachons maintenant où en est la conscience du pays. La bataille sur ce terrain n’est ni moins ardente, ni moins instructive. Il importe de connaître ce que pensent les organes les plus accrédités de l’opinion, et, peut-être, au milieu de ces apostrophes passionnées, au milieu de ces attaques haineuses et de ces ridicules enthousiasmes, peut-être entendrons-nous une bonne parole qui éclairera pour nous le caractère véritable de l’agitation religieuse.

Le nombre des productions dictées par cette controverse est effrayant ; chacun a voulu donner son avis ; il n’y a pas de petite ville qui n’ait publié une douzaine de brochures. Ce ne sont pas seulement les capitales, les universités, les facultés de théologie qui ont pris la parole ; jamais on n’a tant imprimé dans ce pays de paperasses ; les livres arrivaient de tous côtés ; il en est venu de Grottkau, d’Altenbourg, de Neisse, et d’où encore ? de Vienne. Oui, les Viennois eux-mêmes ont écrit, et souvent, en faveur de M. Ronge. Cette préoccupation universelle est sans doute un fait considérable ; je le signale en passant, mais je n’ai pas à m’occuper de tous ces écrivains de hasard. Je cherche les livres sérieux ou qui devraient l’être. D’ailleurs, pour chaque parti, il y a toujours un manifeste plus éclatant qui dispense des autres. C’est ainsi que Goerres me dispensera, me dédommagera très amplement des pamphlets ultramontains sortis des ateliers de Munich. L’ouvrage de Goerres a été publié tout au commencement de la lutte, il a engagé la bataille ; c’est le premier document à consulter. Aussi bien le nom de l’auteur m’attire ; Goerres est un puissant écrivain, un controversiste redoutable et qui représente tout le catholicisme du midi ; nous allons savoir l’opinion de Munich sur ces singuliers évènemens.

Eh bien ! non ; j’aurais dû m’y attendre et fermer ce livre. Non, je n’aurais pas dû demander à ce noble vieillard si malade, si irrité, une opinion élevée, sérieuse, intelligente. Ce n’est plus Goerres, ce n’est