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DE


L'HISTOIRE POLITIQUE.




HISTOIRE DU CONSULAT ET DE L'EMPIRE,
PAR M. THIERES - TOMES I-V.




De nos jours, les intérêts sont positifs et intolérans, les idées sont vagues et indécises. Dans la sphère des intérêts, chacun se rend compte avec exactitude de ce qu’il convoite et de ce qu’il craint ; dans la région des idées, tout est livré au hasard, au désordre, à la légèreté, à l’indifférence. Nous avons sous les yeux des systèmes faux, dés théories creuses, des conceptions folles. Qu’importe ? On s’estimerait dupe si l’on se surprenait à vouloir venger le bon sens et soutenir la cause du vrai. Au milieu du concours et des luttes de tous ces intérêts qui s’exaltent et se supplantent, un seul est peu courtisé, l’intérêt général : négligence funeste, qui, en politique, amène la torpeur, et qui, en littérature, laisse triompher la licence.

Sur cette pente, tout dégénère et se déprave. Quand Athènes produisait Phidias et Platon, quand Paris lisait Descartes et applaudissait Corneille, les esprits étaient possédés de l’amour du beau et de la passion du vrai. Où trouver, de nos jours, ces deux sentimens sans lesquels la pensée languit ou se corrompt ? La critique ne peut juger la société et les lettres que sur les faits qui se manifestent. Sans doute