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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 12.djvu/762

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schiste se couvrent de formes presque semblables à celles qui caractérisent l’Europe et l’Asie boréale. Les espèces ne sont pas identiques, mais analogues de port et de physionomie : ce sont des genévriers, des bouleaux alpestres, des gentianes, le parnassia des marais et le ribes épineux. Il manque aussi à la chaîne de l’Himalaya le phénomène imposant des volcans, qui, dans les Andes et dans l’archipel indien, révèlent souvent aux indigènes, d’une manière formidable, l’existence des forces qui résident dans l’intérieur de notre planète. Aussi la région des neiges perpétuelles, à la pente méridionale de l’Himalaya, là où montent les courans d’air humide, et avec ces courans la vigoureuse végétation de l’Indoustan, commence déjà par 3 600 et 3 900 mètres de hauteur au-dessus du niveau de l’océan elle fixe par conséquent au développement de l’organisation une limite qui, dans la région équinoxiale des Cordilières, se trouve à 850 mètres plus haut.

Les pays qui avoisinent l’équateur ont un autre avantage sur lequel on n’a pas suffisamment appelé l’attention jusqu’ici : c’est la partie de la surface de notre planète où, dans la moindre étendue, la variété des impressions que la nature fait naître est la plus grande possible. Dans les montagnes colossales de Cundinamarca, de Quito et du Pérou, sillonnées par de profondes vallées, il est donné à l’homme de contempler à la fois toutes les familles des plantes et tous les astres du firmament. C’est là qu’un même coup d’œil rencontre de majestueux palmiers, des forêts humides de bambusa, la famille des musacées, et, au-dessus de ces formes du monde tropical, des chênes, des néfliers, des églantiers et des ombellifères, comme dans notre patrie européenne. Le regard y embrasse à la fois la constellation de la croix du sud, les nuées de Magellan et les étoiles conductrices de l’ourse, qui circulent autour du pôle arctique. C’est là que le sein de la terre et les deux hémisphères du ciel étalent toute la richesse de leurs formes et la variété de leurs phénomènes ; c’est là que les climats, comme les zones végétales dont ils déterminent la succession, se trouvent superposés comme par étages, et que les lois du décroissement de la chaleur, facilement saisies par l’observateur intelligent, sont inscrites en caractères indélébiles sur les murs, des rochers ou les pentes rapides des Cordilières.

Pour ne pas fatiguer le lecteur par le détail de phénomènes que j’ai essayé, il y a long-temps, de représenter graphiquement, je ne reproduirai ici que quelques-uns de ces résultats généraux dont l’ensemble compose le tableau physique de la zone torride. Ce qui, dans