Naples et Palerme. Enfin son nom même avait une couleur locale bien faite pour nous séduire ; elle s’appelait la Santa-Rosalia. Destinée à la grande pêche, elle portait sept hommes, dont cinq au moins paraissaient alertes et vigoureux, dont deux comprenaient l’italien, et le parlaient tant bien que mal. Sur-le-champ M. Edwards, chef naturel de l’expédition, entra en pourparler avec le patron, et, grace à l’entremise de notre chancelier, M. Pierrugues, dont le zèle obligeant et empressé ne se démentit pas un instant, le marché fut bientôt conclu. Moyennant 36 tari, environ 16 francs par jour, nous eûmes à nos ordres la Sainte-Rosalie et tout son équipage.
Sans plus tarder, nous commençâmes l’arrimage de notre navire. Nos malles, installées sous le dernier banc de rameurs, établirent une séparation plutôt morale que réelle entre le corps du bateau, livré à nos hommes, et l’arrière, qui nous était destiné. Des montans mobiles permirent d’étendre sur cet espace réservé une tente légère qui devait nous abriter contre le soleil ou la pluie. Des tablettes fixées sous les plats-bords reçurent nos boîtes, nos vases de verre, nos tubes et nos instrumens. Sous le petit pont de l’arrière, nous logeâmes trois couchettes pompeusement décorées Au nom de matelas, ainsi que les grosses capes de matelot qui devaient remplacer draps et couvertures. Enfin notre pompe, solidement vissée sur le pont de l’avant, acheva de donner à notre barque une physionomie toute particulière, et souleva les plus étranges commentaires parmi les groupes nombreux de lazaroni qui suivaient d’un œil curieux ces incompréhensibles préparatifs. Nos dispositions achevées, nous dîmes un dernier adieu aux amis de passage qui avaient su nous rendre si court le séjour de Palerme, nous sautâmes dans notre barque, et, au commandement de yoga ! nous glissâmes rapidement sur les flots que faisaient bouillonner les rames de nos six matelots. Accroupi à l’arrière, sur notre petit tillac qu’il occupait tout entier, le patron tenait la barre du gouvernail et dirigeait notre course. Bientôt nous eûmes franchi l’entrée du port, protégée par le Castello di Molo, et, tournant notre proue à gauche, nous gouvernâmes vers l’ouest.
Notre voyage s’ouvrait sous de favorables auspices : le ciel était pur, la mer était calme, et notre barque côtoyait un des sites les plus coquettement pittoresques de cette belle côte. Au-dessus de nos têtes, le, mont Pellegrino élevait ses flancs à l’aspect sauvage, et descendait brusquement jusqu’au rivage formé de rochers à pic. Sur ce talus incliné, la villa Belmonte semblait étaler avec orgueil les graces un peu affectées de son châtelet, de ses pavillons, de ses kiosques chargés de