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LES


COUVENS DE PARIS.





PREMIER RÉCIT.
LE CADET DE COLOBRIÈRES.





III.[1]

Après cette longue et charmante promenade à l’Enclos du Chevrier, Gaston et sa sœur passèrent environ une semaine sans descendre dans le vallon ; indépendamment de l’obstacle momentané que l’arrivée de l’oncle Maragnon mettait aux entrevues des deux cousines, tous les élémens semblaient conjurés pour les empêcher de se réunir. Le doux soleil d’hiver s’était caché derrière un sombre voile de brouillards, à travers lequel son disque radieux ne répandait qu’un jour glacé. Des nuages gonflés de pluie barraient l’horizon et traversaient le ciel en répandant de larges nappes d’eaux. Toute la plaine était inondée, et, jusque sur les cimes arides de Colobrières, l’on entendait le bruit des torrens qui s’écoulaient au fond des ravins avec un sourd fracas.

La famille du baron, réunie tout le jour dans la salle, formait un

  1. Voyez les livraisons du 15 novembre et du 1er  décembre.