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premiers siècles des empires, dans des climats analogues, quelque séparés qu’ils puissent être par la distance, n’offrissent pas spontanément quelques similitudes[1].

Pour montrer combien il est facile de s’abuser en tirant des conséquences de certains rapprochemens entre la civilisation antécolombienne de l’Amérique et celle de l’ancien continent, M. Prescott fait remarquer que, dans la cérémonie funèbre des Aztèques, on retrouve des ressemblances à la fois avec les usages des peuples catholiques, avec ceux des musulmans, des Tartares, et de l’antiquité tant romaine que grecque. Faut-il en conclure que c’est à chacune de ces origines qu’on doit faire remonter la civilisation aztèque ? N’est-il pas plus simple de croire qu’elle ne dérive d’aucune d’elles et qu’elle est autochtone, sauf à admettre pourtant qu’elle a eu des relations accidentelles avec l’un ou l’autre des revers de l’ancien continent, avec tous les deux peut-être ?

Mais par quels évènemens la civilisation européenne est-elle venue se greffer sur celle d’Anahuac ? Quel a été le caractère de la conquête de Cortez ? Quels en ont été les incidens ? C’est ce que nous essaierons de dire dans un prochain article.


MICHEL CHEVALIER.

  1. Parmi ces systèmes, on doit citer celui de lord Kingsborough, qui veut faire descendre directement la civilisation mexicaine du peuple juif. En faveur de cette opinion, il est possible, en effet, de réunir des conjectures ; mais on n’a rien trouvé de ce qui pourrait composer les élémens d’une certitude, rien qui puisse équivaloir aux preuves d’une communication avec l’Asie la plus orientale. Ce système, s’il ne fait pas de prosélytes, aura du moins produit un admirable monument historique. C’est le fac-simile de tout ce qui a été conservé des manuscrits aztèques et divers dessins sur les antiquités de l’Amérique centrale, avec le texte de l’Histoire universelle de la Nouvelle-Espagne, par le franciscain Sahagun, qui avait séjourné fort long-temps au Mexique, à partir de l’an 1529. Lord Kingsborough a déployé dans cette publication le luxe dont l’aristocratie britannique se plaît à fournir d’éclatans exemples.