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qui, en 1843, dans un écrit justement remarqué[1], s’était prononcé sur la question de la liberté d’enseignement, vient de s’expliquer aussi sur les deux autres problèmes que la force des choses a suscités. Outre son Introduction philosophique à l’étude du christianisme, M. l’archevêque nous donne sur les Opinions controversées entre les ultramontains et les gallicans une brochure qui n’est, dit-on, que le prélude d’un plus considérable ouvrage. Il faut féliciter le public et louer M. l’archevêque de Paris de cette remarquable activité. Dans la haute position qu’occupe ce prélat, une grande part d’initiative lui appartient naturellement, et on doit ajouter que personne ne la peut exercer d’une manière plus salutaire. M. l’archevêque de Paris est un théologien de mérite, un savant jurisconsulte, un esprit politique et modéré, très exercé aux affaires, connaissant bien et sachant accepter l’esprit de son temps. À tous ces titres, l’intervention du digne prélat dans les questions politiques et religieuses qui nous divisent ne peut qu’en éclairer et en faciliter l’heureuse solution.

Nous n’avons nullement dessein de toucher au problème épineux et compliqué des vrais rapports de la puissance temporelle avec l’église. On sait qu’un magistrat éminent qui a traité cette matière avec autorité vient d’être l’objet d’une censure dont l’opinion s’est vivement émue, et qui a rendu nécessaire l’action de l’état. M. Dupin saura, au besoin, maintenir, de sa plume et de sa parole, les vrais principes d’un gallicanisme éclairé, et continuer avec fermeté cette tradition de liberté et de sagesse des Pithou, des Daguesseau, des Portalis, et de tous ces illustres parlementaires dont il fait revivre sous nos yeux l’éloquence et l’érudition.

Un peu moins incompétens peut-être pour aborder l’autre problème, celui des rapports du christianisme et de la philosophie, nous ne pouvons songer ici à l’embrasser dans sa vaste étendue ; nous ferons du moins connaître les vues de M. l’archevêque de Paris, auxquelles il sera quelquefois nécessaire de mêler les nôtres. Plus d’un faux préjugé ferme la porte aux idées saines ; plus d’une illusion dangereuse tourmente les imaginations ; plus d’une passion offusque et trouble les jeunes ames. Calmer ces passions, dissiper ces illusions, déraciner ces faux préjugés, tel sera le but, nous voudrions pouvoir dire le résultat de la discussion où nous allons entrer.

Mais avant d’entamer aucune controverse, hâtons-nous de rendre hommage au caractère général du livre de M. l’archevêque de Paris.

  1. Observations sur la controverse relative à la liberté d’enseignement.