Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 9.djvu/480

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par des commentaires, leurs croyances par des légendes, leurs dogmes par des symboles mieux formulés. Pendant le VIIe, le VIIIe et le IXe siècle de notre ère, il y eut en Chine un mouvement intellectuel pareil à celui qui se manifestait dans l’Inde, vers le même temps, à l’occasion de la lutte du brahmanisme contre la réforme bouddhique. Après avoir cru et pratiqué, on s’occupa de prouver. Cette renaissance des études fut plus complète que celle qui avait signalé l’avènement de la dynastie des Han, parce que les esprits étaient plus avancés. Déjà, sous les six petites dynasties, dans ces temps de troubles, les Tao-sse, profitant du silence des lettrés que les désordres de l’anarchie rendaient moins influens, avaient joué un grand rôle ; la plupart des commentaires du Tao-te-king datent de cette triste époque. L’impulsion donnée se continua sous la dynastie des Tang, et l’empereur Hiuen-tsong composa lui-même une glose de ce livre révéré ; les souverains de cette famille élevèrent à Lao-tseu des temples et des statues. Ce fut aussi sous les Tang, à cette époque de critique et d’examen, ou, si l’on veut, de luttes entre les trois croyances, que les religieux de la secte de Foë, marchant sur les traces de leurs devanciers, contemporains des Han, allèrent de nouveau jusque dans l’Inde chercher les livres sacrés, qui donnèrent naissance à tant de traités, de romans fabuleux, de légendes, écrits en Chine. La dispersion des bouddhistes indiens, chassés de leur pays, vers ce temps, par les brahmanes victorieux, contribua encore à répandre dans l’Asie orientale les doctrines qui déjà s’y étaient établies par la prédication. Il y eut dans le céleste empire trois littératures, comme il y existait de fait trois religions.

La dynastie des Tang, glorieuse par ses conquêtes, par ses relations avec les peuples qui occupaient alors le plus de place dans l’histoire, périt comme celle des Han, à laquelle on peut la comparer d’ailleurs par la faiblesse de ses derniers empereurs. L’an 907, après des révolutions de palais, des révoltes et un second massacre des eunuques, commença la première des cinq petites dynasties (celle des Liang postérieurs), qui n’occupèrent le trône que pendant un demi-siècle. Répandues dans le céleste empire depuis quinze cents ans, les doctrines des Tao-sse s’étaient profondément enracinées dans les esprits ; elles semblaient destinées à triompher surtout, comme nous l’avons remarqué déjà, quand les dynasties épuisées penchaient vers une ruine prochaine. Les Song, qui redonnèrent à la Chine une partie de son éclat pendant le XIe siècle, en favorisant d’étude et la réimpression des