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la pierre du zodiaque aujourd’hui encastrée dans les murs de la cathédrale de Mexico (M. Prescott l’estime à 50,000 kilogrammes), qu’on avait fait venir par terre de plusieurs lieues.

Un religieux venu immédiatement après la conquête, et qui a laissé l’un des meilleurs livres qu’on ait sur cette civilisation, le père Toribio, caractérise en ces termes l’industrie des Mexicains

« En général, ils n’ignorent rien de ce qui a rapport aux travaux des champs et de la ville. Jamais un Indien n’a besoin de recourir à un autre pour se construire une maison ou pour se procurer les matériaux nécessaires. Dans quelque endroit qu’ils soient, ils savent où trouver de quoi lier, couper, coudre tout ce qu’ils veulent, et allumer du feu. Les enfans même connaissent les noms et les qualités de tous les animaux, des arbres, des herbes, qui sont de mille espèces, ainsi que d’une multitude de racines dont ils se nourrissent. Tous savent tailler une pierre, bâtir une maison, faire une corde, un câble de jonc, et se procurer ce qu’il faut pour cela. Enfin ils connaissent tous les métiers qui ne nécessitent pas un grand talent ou des outils : délicats. Lorsqu’ils sont surpris par la nuit en pleine campagne, en un instant ils se construisent des cabanes, surtout lorsqu’ils voyagent avec des chefs ou des Espagnols ; alors tous, quels qu’ils soient, mettent la main à l’ouvrage de bon cœur. »

La multiplicité des produits de l’industrie mexicaine est certifiée encore par les descriptions, consignées dans plusieurs relations, du marché de Mexico, qui se tenait tous les cinq jours sur une place entourée de portiques, dont Cortez dit qu’elle était vaste deux fois comme la ville de Salamanque, et que 60,000 personnes y trafiquaient à l’aise. L’ordre qui régnait dans cette multitude et présidait aux transactions, la rapidité avec laquelle des magistrats spéciaux résolvaient les litiges et punissaient les infractions à la loi, sont des preuves plus irrécusables encore du degré où ces peuples étaient arrivés.

Leur système de numération écrite et parlée était simple. Pour ne parler que de la première, elle reposait sur le nombre vingt, qui était représenté par un drapeau. La base du système était ainsi divisible, non-seulement par le nombre cinq, que tous les peuples paraissent avoir affectionné, sans doute à cause des doigts de la main, mais aussi par le nombre quatre, qui implique lui-même la division par deux. On sait que le côté faible de notre système décimal consiste dans l’impossibilité de diviser par quatre le nombre dix, qui en est la base[1].

  1. On reproche au nombre dix, base de notre numération, de n’être divisible ni par quatre ni par trois. Bien souvent on a exprimé le regret qu’on ne lui ait pas substitué, dans la numération écrite et parlée, le nombre douze, lequel eût été lors représenté par le chiffre 1 suivi d’un zéro, les nombres dix et onze étant désignés alors par deux chiffres particuliers en sus des neuf chiffres que nous avons aujourd’hui.