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de Hohenzollern. Elle fut placée sous la conduite d’un métropolitain et de quatre évêques suffragans. Le métropolitain dut résider à Fribourg.

Dès-lors on se prépara sourdement à la lutte dont l’Allemagne catholique est maintenant le théâtre. Dissimulées sous les ménagemens nécessaires aux fortunes qui commencent, suspendues par la grande terreur que la révolution de juillet jeta dans tout le camp dont elle avait si vite triomphé, comprimées par l’influence générale du despotisme jaloux et bigot de Frédéric-Guillaume III, les prétentions ultra-montaines éclatèrent, à l’avènement de Frédéric-Guillaume IV, avec l’ensemble et la précision qui suivent un signal donné. Le moment était bien choisi ; on sortait de la persécution, et le nouveau roi venait de rendre hommage aux persécutés en se hâtant de réparer les torts de l’injustice et de la violence de son père. On semblait profiter spontanément de cette favorable ouverture des circonstances et pousser en avant à mesure que le chemin se faisait. En réalité, on démasquait des batteries armées depuis dix ans. L’histoire intérieure de l’église et de l’université de Fribourg pendant cet intervalle est une preuve de plus de cette constance avec laquelle le génie de Rome, travaille et travaillera sans cesse à disputer le terrain qu’il a pour toujours perdu.

Aussitôt après l’institution de la nouvelle province ecclésiastique, M. de Wessenberg se démit complètement de ces soins difficiles auxquels il s’était si long-temps appliqué. Il entra dans la retraite où il vit encore, gardant toujours la même sagesse et la même sérénité, supportant courageusement le poids de son grand âge et les déboires du temps présent. M. de Wessenberg rappelle assez exactement ce qu’était pour nous M. Royer-Collard : rapprocher ces deux noms, c’est rendre justice aux mérites du premier sans diminuer la mémoire de l’autre. M. de Wessenberg avait entrepris de concilier l’infaillible autocratie du catholicisme romain avec l’autonomie d’une église allemande, comme M. Royer-Collard voulait accommoder ensemble la charte et la légitimité. Tous deux venaient à propos, tous deux ont eu un moment dans leur pays ; ce moment a duré tant que les compromis ont été de saison. Une fois les compromis usés et les partis décidés à courir au bout de leurs principes, ces deux illustres médiateurs se sont trouvés au bout de leur rôle. La solitude de M. de Wessenberg est aussi remplie de bons et honorables souvenirs que l’était, celle de M. Royer-Collard ; il y renferme sans doute les mêmes dégoûts ; il n’admet pas davantage que les idées se précipitent comme elles font sur cette pente rapide du siècle sans savoir enrayer. Il est donc également