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ABELARD


ET


LA PHILOSOPHIE AU DOUZIEME SIECLE.




ABELARD,
PAR M. CHARLES DE REMUSAT.[1]




Le nom d’Abélard s’est transmis de siècle en siècle avec la triple consécration du génie, de la passion et du malheur ; mais, quelque illustres que soient ses amours, on ne connaissait, jusqu’à ces dernières années, ni sa doctrine, ni l’influence qu’il a exercée sur la philosophie de son temps. La plupart de ses ouvrages étaient oubliés ou perdus ; il ne restait de lui que sa gloire. Abélard ne ressemble pas à ces docteurs du moyen-âge qui ont régné obscurément dans les écoles, et n’ont laissé après eux que le souvenir de vaines disputes. Abélard a été le héros de son siècle : il l’a occupé tout entier de ses succès et de ses malheurs. Il a fondé la scolastique, la seule philosophie que le moyen-âge pût souffrir. Il a été le précurseur et presque le martyr de la liberté de penser. C’est le Descartes du XIIe siècle.

M. Cousin a publié en 1836 un ouvrage autrefois célèbre d’Abélard, le Sic et Non, dont nous ne connaissions que le titre. À cette édition

  1. Deux vol. in-8o, librairie de Ladrange, quai des Augustins.