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LA ROSIMÈNE.

Ah ! j’adore le gibier.

LE CHEVALIER, à part.

Elle adore tout !

LA ROSIMÈNE.

Je ne suis pas une bégueule connue Célinde, moi ; je mange et je bois, c’est plus gai.

LE COMMANDEUR.

A propos… que devient Célinde ?

M. DE VAUDORÉ.

Elle se livre aux plaisirs champêtres, et se nourrit de crème dans une laiterie suisse.

LE COMMANDEUR.

Mauvaise nourriture qui débilite l’estomac ! c’est assez de têter quand on est petit enfant.

LA ROSIMÈNE.

Je préfère les fortifians, les mets relevés. Après ça, Célinde a toujours eu des idées romanesques. Elle avait le défaut de lire. Je vous demande un peu à quoi ça sert ?

LE CHEVALIER.

Rosimène, vous êtes ce soir d’une verve, d’un mordant ; c’est incroyable comme vous vous formez !

LA ROSIMÈNE.

Je dois ça à mon gros vieux Crésus. — Il me paie des maîtres de toutes sortes. Je ne les reçois pas, mais je leur donne leur cachet, et c’est comme si j’avais pris ma leçon.

M. DE VAUDORÉ.

Elle deviendra une Ninon, une Marion Delorme, une Aspasie ! — Je ferai les fonds nécessaires.

L’AVERTISSEUR.

Madame, on va commencer.

LA ROSIMÈNE.

C’est bon, c’est bon… Le public peut bien attendre. Il faut que je me mette en train. Je n’ai pas travaillé aujourd’hui.


SCÈNE IX.
LES MÊMES, CÉLINDE, LE DUC.
CÉLINDE.

Ma chère petite, ne vous échauffez pas si fort. Votre corsage est déjà tout mouillé de sueur.