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chambre actuelle aura cessé d’exister. Quels que soient les actes de condescendance et de faiblesse qui lui seront justement reprochés au moment des élections, cette chambre peut au moins rappeler des votes qui l’honorent. Elle a inauguré ses travaux par l’établissement de l’enquête électorale, que la corruption de nos mœurs politiques rend de plus en plus nécessaire. Au début de sa première session, elle a tracé la ligne à suivre dans les affaires de Syrie, et a répudié toute solidarité dans le système dont MM. de Maleville et Berryer paraissent résolus à lui exposer les résultats, malgré le refus de M. le ministre des affaires étrangères d’accepter la discussion. Cette assemblée s’est montrée non moins énergique que la chambre précédente sur le droit de visite, et elle a imposé au cabinet l’obligation de négocier la résiliation des conventions de 1831 et de 1833. Dans toutes les questions où la grandeur maritime de la France était engagée, elle n’a jamais hésité à répondre au sentiment national, et elle a plus fait pour la flotte que toutes les assemblées antérieures ; en même temps qu’elle imposait d’autorité au ministère l’extension de notre matériel naval, elle portait la lumière dans le chaos de cette administration, jusqu’alors sans contrôle. Ce sont là des services qui, s’ils ne rachètent pas certains votes de déplorable mémoire, pourront contribuer à protéger le parti conservateur dans l’épreuve décisive où sont engagées ses destinées. Les inspirations politiques de cette chambre ont en général été droites et nationales. Si elle s’est montrée complaisante pour le pouvoir, il faut l’attribuer à la faiblesse de nos mœurs politiques, au développement donné au sein du corps électoral même aux appétits matériels ; il est juste de l’expliquer aussi par la difficulté, plus apparente que réelle, il est vrai, de constituer une administration nouvelle au sein du parti conservateur. Pour notre part, nous n’avons jamais cru que cette difficulté fût sérieuse ; mais c’est en la présentant fort habilement à la majorité comme insoluble qu’on est parvenu à la rattacher au cabinet du 29 octobre, alors même qu’elle blâmait le plus énergiquement ses actes. En un mot, la chambre de 1842 s’est livrée au ministère beaucoup moins par sympathie pour la politique du cabinet que par l’appréhension des conséquences qui pouvaient suivre un changement d’administration. En cela, cette assemblée a été timide ; elle a eu le tort de subordonner sa pensée à celle d’un cabinet qui ne la représentait pas fidèlement, et elle a fini par être conduite, lorsque plus d’esprit politique l’aurait facilement rendue maîtresse de la direction des affaires.

Si la législature précédente a fait la loi de 1842 sur les chemins de fer, celle-ci a fait mieux, car elle a mis en cours d’exécution plus de quatre mille kilomètres de route. Il lui est donné d’assister, à la veille de la dissolution, à la grande solennité internationale qui va réunir un moment la Belgique à la France. L’achèvement de la ligue du nord, qui met Paris à dix heures de Bruxelles et à vingt-quatre heures d’Aix-la-Chapelle, est un événement politique du premier ordre. C’est d’aujourd’hui surtout que l’ancien royaume des Pays-Bas a cessé d’exister, et que la situation créée par les traités de 1815 est sérieusement modifiée.

La mort de Grégoire XVI appelle en ce moment vers l’Italie tous les regards et toutes les pensées. Un respect général entourait le vieux camaldule, que le sacré collége, au grand étonnement du monde, était allé chercher en 1831 dans la solitude de ses études et de son cloître, pour le porter au trône vacant par la mort de Pie VII. Le cardinal Capellari a porté au Vatican les vertus et la piété