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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/347

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vers nous n’est pas éclairée par le soleil. Ces observations nous semblent dignes d’exercer l’habileté des physiciens : en les généralisant et en les étendant aux différentes planètes, aux étoiles, et surtout aux comètes périodiques dans leurs retours successifs, on pourrait probablement acquérir quelques données sur la constitution calorifique de l’univers, et sur l’état thermométrique des diverses régions de l’espace que notre système planétaire paraît destiné à visiter, si, comme tout semble l’annoncer, le soleil se meut, nous entraînant à sa suite. Une idée théorique de M. Poisson, qui attribuait une grande influence sur l’état calorifique de notre globe à ces alternatives séculaires de chaud et de froid par lesquelles, à son avis, nous devions passer en traversant des régions de l’espace diversement échauffées, nous fait attacher un grand prix à ces sortes d’observation. Toutes les conceptions d’un esprit aussi éminent méritent une attention particulière, et nous espérons que M. Melloni, qui, sous un ciel favorable, possède des moyens si délicats de recherche, voudra ne pas négliger un sujet qui lui a déjà fourni d’intéressans résultats. Peut-être, pour reconnaître des différences si minimes de température, le célèbre physicien italien sera-t-il forcé de modifier ses appareils, et d’employer plutôt des miroirs réfléchissans que des verres, qui, on le sait, interceptent toujours une portion notable des rayons calorifiques. Quoi qu’il en soit, ces observations délicates et difficiles ne peuvent qu’accroître la réputation du savant auquel le roi de Naples a confié la direction de l’observatoire météorologique, qu’avec une libéralité de vues très louable ce prince fait construire sur le Vésuve.

Les expériences que M. Faraday et M. Melloni entreprenaient presque au même moment sur des sujets si différens leur étaient suggérées à tous les deux par des idées théoriques sur l’identité des divers agens, la lumière, la chaleur, le magnétisme, l’électricité, dont les physiciens s’occupent de préférence. Tout en faisant des réserves formelles] au sujet de ces idées systématiques sur la nature d’agens que nous connaissons si peu, nous ne pouvons qu’applaudir aux tentatives que l’on fait pour étudier les analogies qui existent entre les différentes forces qu’emploie la nature. C’est là de la bonne et utile induction ; seulement on doit savoir se tenir en garde contre cet esprit de généralisation qui entraîne parfois les intelligences les plus robustes, et à propos duquel Galilée, ce grand physicien qui a découvert tant de faits importans sans jamais s’aventurer dans le pays des hypothèses, inséra dans le Saggiatore un charmant apologue que tous les observateurs devraient apprendre par cœur.

S’il est nécessaire de résister à l’esprit de système, à plus forte raison faut-il s’imposer une grande réserve dans l’examen des faits merveilleux que la crédulité est toujours disposée à admettre, lors même qu’ils ne tombent pas dans le domaine de l’industrie. Aussi c’est avec un sentiment de pénible surprise que l’on a vu un savant astronome proposer sérieusement à l’institut de s’occuper d’une prétendue fille électrique qui, on l’a reconnu, mais un peu tard, était plus digne de figurer sur les tréteaux que de se montrer devant cette docte assemblée. Nous sommes de l’avis de M. Magendie, qui déclarait que l’Académie ne doit pas s’occuper de pareilles niaiseries ! Quoique sévère, cet avertissement ne manquait pas d’opportunité, et désormais l’Académie des Sciences en fera probablement son profit pour résister à ce désir excessif de popularité et de bruit qui rend parfois certains savans si peu difficiles dans le choix des moyens. Du reste,