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RANIE CHANDA


ET


LA COUR DE LAHORE


DEPUIS LA MORT DE RUNDJET-SING.




I.

Il est dans la vie des nations plus d’une époque qui ferait regretter à l’historien de ne pouvoir échanger sa plume austère contre les pinceaux du poète ou du romancier ; telle est, dans l’Inde, la période qui vient de se terminer par la ruine d’un nouvel empire sous les victorieux efforts de l’Angleterre. Il y a quelques années, le retentissement du canon de Ferozepore, affaibli par la distance, serait à peine parvenu jusqu’à nous. Maintenant que la vapeur a envahi l’espace, ce bruit a suffi pour agiter la bourse, à Paris comme à Londres, et l’émotion qu’il a causée témoigne assez des liens étroits qui rattachent désormais les destinées de l’Asie aux intérêts politiques et commerciaux de l’Europe. En présence d’événemens aussi graves, ce n’est pas assez de raconter les faits ; il y a un monde nouveau où il faut se transporter, il y a un drame historique dont le dénouement échappe à qui n’en a pas suivi toutes les scènes. Et par un étrange hasard il arrive précisément que toutes les parties de ce drame, toutes ses péripéties burlesques ou tragiques, se groupent autour d’un seul personnage qui ramène ce vaste ensemble à l’unité. Qu’on ne s’attende point cependant à rencontrer ici