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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/655

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Le palmier, d’où s’extrait le sagou, y croît en abondance. Si la sécurité reparaissait dans le pays, on verrait bientôt les industrieux colons chinois, qui émigrent malgré les édits de l’empereur et se répandent dans tout l’archipel oriental, créer à Borneo des factoreries pour la préparation du sagou, d’après des procédés perfectionnés, comme à Singapore et à Malaca. Le terrain des montagnes convient admirablement au cocotier, au caféier, au bétel, aux bois de senteur, aux muscadiers, etc. Les bois de construction y sont magnifiques et pourraient servir même à la marine. Le riz, qui remplace le blé pour la nourriture des indigènes, y a été cultivé avec succès ; on aura toujours cependant plus de profit à le tirer de Siam et de la Cochinchine, et à consacrer le sol à des cultures plus recherchées par le commerce européen.

Les richesses minérales de l’île sont aussi variées que ses produits végétaux. On y trouve des diamans, de l’or, de l’étain, du fer, de l’antimoine, et, comme nous l’avons dit, un minéral plus précieux que tous les autres, du charbon de terre. Les Chinois mettent beaucoup de persévérance à chercher dans le sol l’or qu’il renferme. On évalue à un demi-million sterling la quantité recueillie annuellement à Sambas, malgré l’imperfection des instrumens destinés à fouiller la terre. L’or existe, dit-on, en plus grande quantité dans la province de Sarawak.

Des oiseaux nombreux étalent à Borneo les plumages les plus brillans et les plus divers. Des singes de toute espèce, de toute grandeur, depuis les plus petits jusqu’à l’orang-outang ou l’homme des bois, animent la solitude des forêts et des jungles. On n’y voit point les animaux les plus utiles, tels que les chevaux, les ânes, les chameaux, les dromadaires. Prodigue de ses dons à ce sol heureux qui livre ses richesses sans exiger pour ainsi dire aucun travail, la Providence réserve à des pays moins favorisés les animaux qui aident l’homme dans son rude labeur. La race des éléphans s’y est éteinte. La grande espèce féline y manque complètement : on n’y rencontre point de tigres, ni de lions, ni de léopards. Les ours, les loups, les renards, les chacals, les chiens, y sont, également inconnus. On y voit, au contraire, des rhinocéros, des sangliers, des buffles, des chèvres et des lapins. Les serpens, rares sur les côtes à cause de l’humidité, abondent dans l’intérieur. Les rivières fourmillent de l’espèce de crocodiles nommés alligators. Tous les insectes de la Malaisie sont très multipliés dans le pays. Les mers qui baignent les rivages foisonnent de poissons excellens. Les Chinois, aussi adroits pêcheurs qu’industriels entreprenans, se chargent de fournir les marchés et jouissent presque du monopole de la pêche. La présence des Anglais augmentera beaucoup l’importance de cette partie de leur commerce.

Comment l’Angleterre a-t-elle remis le pied sur cette belle contrée, qu’elle avait été contrainte d’abandonner après plusieurs tentatives malheureuses ? Par quels moyens a-t-elle obtenu la cession de Laboan ?