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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/728

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ESSAI SUR L'HISTOIRE


DE LA


FORMATION ET DES PROGRES


DU TIERS-ETAT.




II.[1]

Les états-généraux que j’ai mentionnés jusqu’ici n’étaient pas toute la représentation du royaume ; il y en avait une pour la France du nord et du centre, pour le pays de langue d’oïl et de droit coutumier, et une pour la France méridionale, pour le pays de langue d’oc et de droit écrit[2]. Quoique réunies simultanément par la même autorité, et quoique générales d’une part comme de l’autre, ces assemblées ne jouèrent point le même rôle politique, et l’histoire ne peut leur accorder une égale importance. Le nord et le midi de la France n’étaient point, au moyen-âge, dans la même situation sociale ; le midi était plus civilisé,

  1. Voyez la livraison du 15 mai.
  2. Ce partage du royaume en deux régions administratives dura jusqu’au XVIe siècle ; leur limite commune était marquée de l’ouest à l’est par la Gironde, la Dordogne et les frontières méridionales de l’Auvergne et du Lyonnais. Quoique cette division répondît en général à celle des dialectes romans du nord et du midi, et à celle de l’ancienne France en deux zones juridiques, il y avait sous chacun de ces rapports au moins une exception, car l’Auvergne était pays de langue méridionale, et le Lyonnais pays de droit écrit.