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grace aux recherches des Robert Brown, des de Candole père et fils, des Schow, des Vallemberg. Il n’en est pas de même de la géographie zoologique. Buffon, s’occupant presque exclusivement des mammifères, devina, il est vrai, avec le coup d’œil du génie, quelques-uns des faits généraux qui ressortent de leur répartition. Geoffroy Saint-Hilaire, Desmarets, M. Isidore Geoffroy, le suivirent dans cette voie et confirmèrent la plupart de ses déductions. D’autres naturalistes étendirent ce genre de recherches à des groupes différens, et, parmi les principaux travaux entrepris dans cette direction, nous devons citer ceux de Fabricius, de Latreille, de MM. Macleay, Spense, Kirby, Lacordaire, sur les insectes, ceux de M. Deshayes sur les mollusques, surtout ceux de M. Milne Edwards sur les crustacés. Chose bien remarquable, presque tous ces naturalistes arrivèrent à des résultats analogues et quelquefois entièrement semblables à ceux qu’avait proclamés leur immortel prédécesseur. Ils nous ont fait connaître un grand nombre de faits de détail et quelques-unes des tendances générales qui règlent la distribution des animaux à la surface du globe ; mais personne encore n’a tenté de réunir en un corps de doctrine ces matériaux épars. A proprement parler, la géographie zoologique n’est pas encore constituée.

Ici donc comme partout, la botanique est en avant de la zoologie. Ce fait, qui s’est reproduit dans presque toutes les branches de ces deux sciences, ne doit nullement étonner. Fixés au sol qui les nourrit, les végétaux ne peuvent, comme les animaux, fuir la main des collecteurs. Le catalogue des espèces végétales a donc pu se compléter d’autant plus rapidement que leur conservation et leur transport n’offrent pas de grandes difficultés. Il n’en est pas de même des espèces animales. Celles-ci sont en outre infiniment plus nombreuses, et nous sommes encore loin de les connaître toutes. Sans doute il reste peu de découvertes à faire parmi les mammifères ; sans doute, lorsque les monumens qu’élèvent en ce moment à la science M. Valenciennes pour les poissons, MM. Duméril et Bibron pour les reptiles, auront été menés à bonne fin, ces deux classes seront aussi presque complètement connues ; mais, parmi les vertébrés, les oiseaux attendront peut-être longtemps encore une étude aussi persévérante, aussi consciencieuse. Parmi les invertébrés, des classes entières ont été à peine étudiées et sont encore aujourd’hui presque absolument négligées par les voyageurs. Dès-lors on comprend que tout essai général de géographie zoologique serait nécessairement incomplet. Cependant les travaux partiels des savans que nous avons nommés plus haut conduisent déjà à quelques conclusions trop en harmonie avec l’ordre d’idées qui règne dans Cosmos pour que nous les passions entièrement sous silence.

Le raisonnement seul aurait suffi pour démontrer que la distribution