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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/995

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les élémens d’un dictionnaire hiéroglyphique bien plus complet que celui que nous devons à M. Champollion-Figeac. Les notes de toute espèce, géographiques, historiques, mythologiques et grammaticales, se sont, en moins de trois années, si prodigieusement accumulées entre ses mains, qu’on doit désirer vivement qu’il se décide bientôt à communiquer au monde savant l’abondante moisson de faits payés au prix de tant de fatigues morales et physiques.

Parmi les savans étrangers, MM. Barucchi, Bunsen et Prisse ont, par leurs efforts, considérablement éclairci la chronologie égyptienne. Vienne la publication des matériaux inappréciables recueillis par le docteur Lepsius, et l’histoire des dynasties qui ont régné sur la terre d’Égypte pendant des milliers d’années recevra un lustre tout nouveau et d’autant plus durable qu’il sera dû tout entier à l’appréciation de monumens originaux sur lesquels ne peuvent rien les inexactitudes des copistes, inexactitudes si funestes à la gloire de l’historiographe Manethon. En Amérique, les études égyptiennes sont devenues populaires, grace à l’énergique volonté de M. Gliddon, qui, devant un auditoire plusieurs fois renouvelé et composé de cinq mille personnes, a clairement énoncé tous les principes certains que la science moderne a découverts et posés. Il a été puissamment secondé, dans cette louable entreprise, par l’une de ces nobles intelligences dont un pays s’honore ; M. Haight, l’ami, le soutien dévoué de tous les hommes de science, n’a pas peu contribué, par sa généreuse assistance, à répandre aux États-Unis les belles découvertes qui concernent les temps pharaoniques.

En résumé, les études égyptiennes sont partout en honneur aujourd’hui. Si elles marchent trop lentement au gré des esprits inquiets qui ne croient à une découverte qu’autant qu’elle est complète, elles marchent avec sûreté, et chaque pas qu’on leur fait faire est assez vigoureusement empreint pour qu’il n’y ait plus à craindre que le mauvais vouloir, à défaut du temps, en puisse désormais effacer la trace.


F. DE SAULCY,

de l’Institut.