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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 juillet 1846.


Nous sommes en pleine polémique électorale. Si réel que soit le calme du pays, les partis n’en ont pas moins une bruyante animation. C’est une des nécessités du gouvernement représentatif que le retour périodique, à chaque élection générale, de ces luttes, de ces déclamations. Les passions bonnes et mauvaises ont ainsi leur part faite d’une manière constitutionnelle. Il est même remarquable qu’à ces époques de renouvellement parlementaire, l’initiative des attaques ardentes est souvent prise par le pouvoir. Une dissolution de chambre, une élection générale, ouvrent toujours une crise redoutable pour un cabinet, quelque sécurité qu’il affecte. Le ministère sent alors le besoin de raffermir, d’enflammer le zèle de ses amis. Il se mettra à célébrer les mérites de sa politique, et il attaquera vivement les opinions de ses adversaires. Ainsi provoquée, l’opposition répond par des cris de colère, elle enveloppe dans une réprobation sans réserve tous les actes du ministère qui l’accuse devant le pays, et c’est de part et d’autre une égale explosion d’invectives et d’emportemens.

Tel est dans ses traits principaux l’inévitable programme d’une élection générale, et ce qui se passe aujourd’hui s’y trouve conforme à peu de chose près. Dès que l’ordonnance de dissolution a été promulguée, le ministère a interpellé les électeurs ; il leur a demandé, par l’organe de ses amis les plus dévoués, s’ils voulaient, en deux jours de scrutin, anéantir les résultats de six années d’une politique réparatrice. — Le sort du pays est entre leurs mains. Ils perdent la France, s’ils ébranlent le ministère ; ils la sauvent, si par leurs votes ils l’affermissent et lui assurent un long avenir.- Voilà le thème. On le varie sur tous les tons, soit par de brillans panégyriques de la politique du cabinet, soit par de véhémentes attaques contre l’opposition. Pas une faute n’a été commise par le ministère durant le cours de six années : il a toujours été à la hauteur des circonstances et de ses devoirs ; loin d’avoir failli quelquefois, il n’a jamais faibli ! Tout au contraire, il n’est pas une pensée, une théorie de l’opposition qui ne conduise à une