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gouvernement de sa majesté britannique est disposé à faire aux préjugés, aux erreurs, à la jalousie et à la faiblesse, il ne peut passer sous silence une violation aussi manifeste des conventions, ni souffrir qu’elle reste sans remède. Remontrances sur remontrances ont été faites, et cependant le mal, loin de diminuer, s’accroît chaque jour. Cet état de choses ne peut être attribué uniquement à la faiblesse du gouvernement brésilien, car, en 1840 et en 1841, ce gouvernement ayant manifesté l’intention de remplir les obligations du traité, les importations d’esclaves ont immédiatement diminué. A présent, au contraire, que l’administration fait preuve de dispositions contraires, l’éloignement momentané des croiseurs anglais chargés de la répression de la traite sur les côtes du Brésil a donné à ce trafic une activité qui prouve que les spéculateurs engagés dans ce commerce illégal ne craignent pas d’obstacles de sa part… Le temps est enfin venu pour le gouvernement anglais de déclarer qu’il n’entend pas que les obligations contractées par la convention de 1826 tombent en désuétude par suite d’un défaut de concours de la part du gouvernement du Brésil, et s’il refusait d’adopter, de concert avec la Grande-Bretagne, des mesures calculées pour donner leur plein et entier effet aux stipulations de la convention de 1826, il ne resterait plus au gouvernement de sa majesté britannique qu’à prendre les moyens nécessaires pour remplir seul, et avec ses propres ressources, les obligations imposées par cette même convention. »

La note de M. Hamilton, rédigée conformément à ces instructions, fut remise au ministre des affaires étrangères du Brésil le let septembre. Malgré le ton impérieux et menaçant de ses paroles, M. Hamilton laissait néanmoins entendre qu’il avait ordre d’accueillir avec empressement toutes les ouvertures qui, même à la dernière heure, pourraient faire entrevoir chez le gouvernement brésilien l’intention d’entrer dans un arrangement favorable aux vues de l’Angleterre. Cette insinuation ne fit qu’augmenter l’irritation du Brésil. La réponse du ministre des affaires étrangères, M. Paulino, annonçait une détermination bien arrêtée. A entendre ce ministre, le défaut d’accord entre les deux gouvernemens devait être uniquement attribué à la nature des propositions de l’Angleterre. Il reconnaissait que les croiseurs anglais avaient rencontré de la résistance chez les autorités locales ; mais, si des collisions en étaient résultées, il ne fallait s’en prendre qu’aux croiseurs eux-mêmes, premiers violateurs des dispositions contenues dans les divers traités relatifs à la répression de la traite, et notamment de l’article 2 des instructions annexées à la convention du 28 juillet 1817. C’était là le point principal de la querelle, et voici en quels termes s’exprimait à cet égard M. Paulino : « Cet article stipule qu’aucun navire ne pourra être visité ni saisi, sous quelque prétexte que ce soit, dans les ports ou à la portée des canons des forts. Il est donc une