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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 16.djvu/1010

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famille humaine, plus tard venue. De toutes ces matières, désagrégées peut-être par des commotions terrestres et réduites en sables par les eaux, l’action des courans à la même époque sépara, pour les réunir dans des bancs distincts, les particules métalliques plus lourdes que le reste, et particulièrement les grains d’or[1]. C’est ainsi qu’au milieu des alluvions placées au pied des montagnes qui renfermaient des veines aurifères, on rencontre des couches où les paillettes d’or sont devenues plus nombreuses ou moins rares que dans les gisemens originels, et où dès-lors le travail de l’homme peut les rechercher avec avantage, La plupart des mines d’or se réduisent ainsi à des dépôts de sables aurifères où, tout concentré qu’il est relativement, l’or est bien peu abondant encore ; mais la nature ayant très fréquemment disposé de quelques grains d’or, lorsque du sein de la terre elle lançait des matières ignées à la surface, le nombre des mines sablonneuses où l’on rencontre de l’or est très considérable. Si l’on comptait les dépôts d’alluvions d’où l’on a retiré de l’or avec plus ou moins de succès, on serait surpris de la longueur du dénombrement. On verrait qu’il n’y a pas de pays, pas de province un peu étendue qui n’ait eu ses mines d’or. On n’en finirait pas si on voulait nommer tous les cours d’eau qui charrient de l’or, et où quelques orpailleurs ont gagné et pourraient gagner encore une chétive subsistance. Dans certaines contrées, les dépôts aurifères se présentent rapprochés les uns des autres sur des surfaces sans limites. C’est la pure vérité que les mines d’or possibles sont pour le moins aussi fréquentes que les mines de fer. La teneur seule est différente. La richesse moyenne d’une mine de fer peut être fixée par approximation à 10 ou 15 pour 100 au moins[2] ; celle des mines d’or est 20,000 ou 40,000 fois moindre.

Il y a tout lieu de croire cependant qu’il a existé dans quelques localités, à la surface du sol, une assez grande quantité de morceaux d’or plus gros que ceux qui forment la richesse des alluvions exploitées[3]. C’est l’opinion de plus d’un érudit et de plus d’un géologue. On expliquerait ainsi la présence d’une assez forte quantité d’or chez des peuples peu avancés dans les arts de la civilisation. Les Gaulois, lorsqu’ils furent conquis par Jules César, possédaient relativement beaucoup d’or. Les trésors bien plus considérables accumulés par les souverains de la

  1. Le même fait a eu lieu pour le platine et pour la même cause, son extrême lourdeur.
  2. Je dirais 30 à 40 pour 100 si je n’envisageais que les minerais une fois lavés, ou bien ceux qu’on ne lave point.
  3. On rencontre de ces pépites, c’est le nom qu’on leur donne, au milieu des sables aurifères. La plus grosse de toutes les pépites connues est celle de 36 kilogrammes qu’on a découverte assez récemment près de Miask, dans le sud de l’Oural. Celle que les Espagnols trouvèrent à Haïti, et qui est restée célèbre, quoiqu’elle ait été aussitôt perdue dans un naufrage, pesait 14 kilogrammes et demi.