atmosphérique produite par la pluie est même répartie en Algérie d’une manière plus favorable que dans certaines contrées de l’Europe méridionale. L’hiver, doux et pluvieux, ne suspend pas la végétation et donne des récoltes lucratives ; les sécheresses d’été ne s’y prolongent pas pendant six mois, comme il arrive parfois dans la péninsule espagnole et dans la Provence. Il ne faudrait pas néanmoins que l’émigrant s’en rapportât aveuglément à cette appréciation générale, il en résulterait pour lui de tristes mécomptes. Si la nature est plus féconde dans les pays chauds, elle y est aussi plus capricieuse. A côté d’une végétation éblouissante de richesse s’étend une surface complètement dépouillée ; c’est que la première est nourrie par des eaux courantes ou par des nappes souterraines assez rapprochées de la superficie pour en conserver la fraîcheur, tandis que le terrain absolument privé du principe humide se calcine et acquiert une compacité qui lui ravit toute sa vertu. Le pays est-il montagneux et accidenté, comme le Tell algérien, l’inégalité de valeur est encore accrue par la différence des niveaux, des pentes, des expositions. Lorsqu’à ces causes naturelles s’ajoutent les effets d’une culture barbare, des ravages de la guerre, de l’envahissement des végétaux parasites et du désordre prolongé des élémens, il arrive qu’un territoire essentiellement riche n’offre plus néanmoins à l’exploitation qu’une faible partie de sa surface. On se fera une idée, d’après le relevé approximatif de M. Moll, des différentes natures de fonds dans la zone exploitable de l’Algérie. La superficie du Tell, étant évaluée à 15,400,000 hectares[1], se subdivise de la manière suivante
Hectares | Proportion sur cent | |
---|---|---|
Terres arables annuellement ensemencées par les indigènes, ou déjà mises en culture par les Européens | 770,000 | 5 |
Herbages propres à être fauchés | 770,000 | 5 |
Terrains plus ou moins bien engazonnés, mais propres seulement au pâturage, à cause des palmiers nains et autres obstacles | 4,389,000 | 28,50 |
Forêts proprement dites | 115,500 | 75 |
Forêts basses, hautes broussailles dont le feu n’a atteint que la lisière | 169,400 | 1,10 |
Broussailles basses, dégradées par le feu | 3,696,000 | 24 |
Espaces inondés en hiver et au printemps, mais pâturés en été | 231,000 | 1,50 |
Marais proprement dits | 23,100 | 15 |
Terrains nus, improductifs, sebghas ou petits lacs salés, rochers, sables, cours d’eau | 5,236,000 | 34 |
TOTAL | 15,400,000 | 100 |
- ↑ M. Moll fait erreur en donnant au Tell algérien une superficie de 360,000 à 400,000 kilomètres carrés : ces chiffres représentent approximativement l’étendue de l’Algérie entière, Tell et Sahara compris.