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diminué depuis que les Chinois fabriquent eux-mêmes des montres avec des ressorts européens. Elle n’a été en 1844, à Canton, que de 216,000 francs. Ce commerce est entre les mains de deux maisons suisses, qui ont des comptoirs importans à Londres.

Nous arrivons aux menus articles d’importation. Il en est quelques-uns qui méritent d’être nommés comme exclusivement appropriés aux goûts bizarres des Chinois. Citons d’abord le bétel, qui a figuré dans les importations de Canton, en 1844, pour 610,900 francs, puis les nids d’hirondelles, dont la vente s’est élevée à 125,000 francs. Ces nids sont principalement tirés de l’île de Java ; on ne les trouve guère que dans des anfractuosités de rochers qui s’élèvent à pic au-dessus de la mer, ce qui rend le métier de dénicheur extrêmement dangereux. Avant de paraître, sous forme de potages très délicats, sur la table des riches mandarins, les nids d’hirondelles subissent de nombreuses préparations. On en extrait toutes les impuretés, de manière à ce qu’ils ne présentent plus qu’une masse blanchâtre et glutineuse, assez semblable à de la colle desséchée. Les nids les plus estimés sont ceux qui n’ont renfermé que de jeunes hirondelles couvertes d’un léger duvet ; pour peu que le nid ait contenu de celles qui ont déjà des plumes, il est classé dans les qualités inférieures. Quand il n’a renfermé que des neufs, il est réputé de qualité intermédiaire. Les nids de premier choix valent jusqu’à 110 et 120 fr. le kilo., tandis que les sortes inférieures sont cotées à moins de 10 fr. Il y en a près de quinze variétés.

Les estomacs de poissons, les nageoires de requins et les holothuries, qui passent en Chine, comme les nids d’hirondelles, pour des aphrodisiaques puissans, occupent également une place assez considérable dans les importations du Céleste Empire. L’holothurie, connue aussi sous le nom de tripang et de biche-de-mer, est un gros limaçon, que les naturels des îles de la Malaisie recueillent sur les bords de la mer. Canton en a reçu, en 1844, pour une valeur de 306,000 francs (117,600 kilo.). On distingue treize qualités d’holothuries, dont la première, appelée meng-ta, vaut environ 7 francs le kilo, et la dernière, nommée yak-sam, de 20 à 30 centimes.

Parmi les importations de Canton, en 1844, dont le chiffre doit être noté, nous citerons encore le poivre tiré de l’Inde et de l’archipel malais, sous pavillons britannique, américain et hollandais (450,000 francs) ; les dents d’éléphans importées par navires anglais (251,000 francs) ; le putchuk, racine de l’Inde employée à faire des cierges odorans (241,000 francs) ; le bois de sandal des Philippines et des Indes anglaises et néerlandaises (624,900 francs) ; le riz enfin, ce pain des Chinois, tiré en quantité considérable des Philippines et des Indes néerlandaises (1,115,600 francs).

C’est le thé qui figure en première ligne dans les exportations de la Chine et dans celles de Canton en particulier. Canton a exporté, en 1844, 32,900,000 kilos de thé, dont 24,422,000 sous pavillon britannique, et 6,997,000 sous pavillon américain. La valeur totale de cette exportation a été de 104,841,000 francs. Les ports situés au nord de Canton paraissent devoir faire prochainement à ce dernier une rude concurrence pour la fourniture du thé. A Changhaï, on pourra se procurer cet article à bien plus bas prix qu’à Canton. Le port de Changhaï est situé de manière à être facilement approvisionné par les provinces du Nganouaï et du Kiangsou, dans lesquelles la culture du thé a pris un développement immense.