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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 16.djvu/824

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enfans des casses pauvres des livrets sur les caisses d’épargne, et tout ce bien que nous citons, elles, l’ont fait sans autres ressources que les cotisations de leurs membres et quelques allocations des conseils-généraux, allocations qui ne s’élèvent guère en général au-delà d’une somme de 1,000 francs. Leur zèle est d’autant plus méritoire, qu’elles n’ont reçu jusqu’ici que des encouragemens assez minces ; les unes ont obtenu le titre de sociétés royales, les autres ont été rangées parmi les établissemens d’utilité publique ; on leur a accordé pour l’envoi de leurs mémoires entre elles la franchise à la poste, on leur a donné quelques volumes provenant de souscriptions des divers ministères, et tout s’est borné là. Aujourd’hui cependant l’attention est heureusement éveillée. La presse parisienne si long-temps dédaigneuse, s’occupe des académies de province et des congrès. On a même proposé de bâtir dans Paris un palais des sociétés savantes, qui serait le rendez-vous général des académiciens du monde civilisé, et dans lequel on trouverait réunies toutes les publications des corps scientifiques, mais ce serait là, ce nous semble, pour l’instant, un objet de luxe, et avant de songer au superflu il est bon de pourvoir au nécessaire : or, le nécessaire pour les sociétés savantes c’est la publicité, le moyen de communiquer entre elles, les encouragemens. Espérons que ces élémens de succès ne leur manqueront pas dans l’avenir. M. le ministre de l’instruction publique a annoncé l’intention de les aider par des secours d’argent, il a nommé une commission pour dresser la table analytique des recueils académiques publiés dans toute l’étendue du royaume. On peut donc penser que cette fois il n’en sera pas des efforts de l’administration comme de ceux qui ont été tentés en 1833 et en 1839. Une association nombreuse s’est constituée récemment sous le titre d’Institut des provinces pour venger les académies départementales des injustes dédains dont elles sont l’objet. Nous souhaitons de grand cœur que l’organisation définitive de ces académies vienne enfin réaliser les vœux de l’Institut. Il y a là en effet plus qu’un intérêt littéraire, et cette organisation, au point de vue politique même, a une Importance immédiate et tout actuelle, car elle touche à deux questions vivement débattues aujourd’hui : la liberté d’association et la liberté d’enseignement.


CHARLES LOUANDRE.