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Le traité du 1er septembre, en assimilant les pavillons belge et prussien, enlevait à la marine belge, non-seulement le monopole si long-temps rêvé des transports transatlantiques, mais même le privilège de leur nationalité, et cela sans compensation aucune, car, en 1831, 1832 et 1833, époques où les deux pavillons étaient assimilés, les ports germaniques n’avaient reçu que deux ou trois navires belges par an. Les manufacturiers, qui avaient espéré le monopole des exportations transatlantiques effectuées par le port d’Anvers, n’étaient pas mieux traités que les armateurs. Les navires prussiens étaient assimilés aux navires belges, même quant à la cargaison. Les provenances allemandes étaient exemptées par ferre de tout droit de transit, et cela on retour d’une simple réduction de droit sur le transit des provenances belges dans le Zollverein. Les tissus de colon allemands étaient exceptés de toute surtaxe éventuelle ; l’assimilation dont jouissaient les vins et soieries du Zollverein était rétablie ; l’admission de deux cent cinquante mille kilogrammes de fil de Brunswick et de Westphalie, moyennant un simple droit de balance, maintenue. Les droits enfin étaient considérablement réduits sur les articles de mercerie et de modes de l’union rhénane. En échange de ces concessions exorbitantes, la Belgique obtenait une réduction des droits de sortie sur les laines d’Allemagne, réduction limitée de façon à ne procurer aux fabriques belges qu’une économie de 50 à 60 mille francs, et le l’établissement, le simple l’établissement du statu quo en faveur de l’industrie métallurgique. Si les fers en barre étaient dégrevés de 2 francs par quintal, en revanche, les fontes, qui jouissaient précédemment en Allemagne d’une franchise entière, étaient frappées d’un droit proportionnel à cette réduction, ce qui replaçait les choses sur l’ancien pied.

Et qu’avait-il fallu pour mettre à la raison cette intraitable coalition de fabricans et d’armateurs, qui, à l’entendre, allait jeter un mur entre la Belgique et la France ? Une simple entrave au débouché allemand des fontes, d’une industrie non moins intéressée à l’alliance française qu’à l’alliance du Zollverein, puisqu’elle est protégée chez nous contre la concurrence anglaise par une différence de 3 fr. 60 cent, par cent kilogrammes, d’une industrie qui n’égale, ni en besoins ni en influence, celles des houilles et des lins, pour qui le débouché français est de nécessité absolue. En principe et en fait, le traité du 1er septembre, où la diplomatie prussienne a cru voir un échec pour notre influence[1], l’a au contraire démontrée. La Belgique elle-même a spontanément compris cette situation : l’arrêté complémentaire de la loi des droits

  1. Testament politico-commercial (Ein Handels politisches Testament), par le baron d’Arnim, ministre plénipotentiaire de Prusse.