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savans, comme il dit. Il a répondu en poète au ministre qui sait honorer les poètes, qui aime à rendre aux lettres ce qu’elles firent pour lui Rien n’est gracieux d’ordinaire comme les dédicaces du rapsode méridional ; c’est comme le prologue du drame. Cette histoire d’amour qu’il va redire, c’est une pauvre vieille qui la lui conta un soir dans sa petite maison, tandis que la feuille tombait en gémissant, et elle lui fit venir les larmes aux yeux. « Aussi bien aujourd’hui, ajoute-t-il, le tomber de la feuille s’harmonise avec les douleurs. »

… Lou toumba de la feillo
S’abarejo dan las doulous.

Le temps est propice donc pour chanter les tristesses ; c’est le moment où la veille est assez longue pour répéter les ballades, les récits mélancoliques et tendres, et Jasmin n’y manque pas. Le drame des Deux Jumeaux se passe en 1804, comme si le poète s’était plu dans le contraste de la solennité de l’époque et de la naïveté d’une histoire d’amour. Il y a dès le début une fraîcheur qui repose, et qui, certes, rejette l’esprit loin des scènes du couronnement. Il est difficile d’ailleurs de mieux entrer dans son sujet.

Dins uno coumbo ayréjado, poulido
Touto Claou fido
De frut, de flous,
Pret d’uno may de bouno houro abeouzado
Abion grandit al ben fres de la prado,
As caous poutous
Dus frays bessous.

Homes, abion coumo del ten maynatge
Memo bizatge
Et memo corp ;
Soun ressemblens coumo soun dios estelos
Dios pimparelos
Dus pimpouns-d’or.

Ebé ! Del co, se semblon may enquero
Ço q’un atten l’aoutré tabé l’espéro
Ou l’esperèt.
Cadun d’es, per soun fray, mouriyo sans regret,
Des jotz et pes plazes ban sul la mèmo routo ;
L’un acos l’aoutre en tout : quan nasqueron sans douto
L’amo de fet
Quié per un debalèt
Se partatget !