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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 16.djvu/997

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qu’à 4 (2 millièmes et demi) ; mais la mine saxonne, avec 550 hommes, les premiers mineurs du monde, fouillant les entrailles de la terre suivant les méthodes les plus perfectionnées, ne rendait annuellement que 700,000 kil. de minerai. La mine mexicaine, qui occupait à l’intérieur 1,800 travailleurs, soit un peu plus du triple, et employait des procédés d’exploitation grossiers, en livrait, au contraire, aux ateliers métallurgiques 33,120,000 kilog., cinquante fois autant. La première fournissait 2,300 kilog. d’argent, et la seconde 82,800, soit 36 fois plus. Le profit net de celle-là était de 90,000 f., les actionnaires de celle-ci se partageaient 3 millions. La Valenciana répandait en salaires dans le pays 3,400,000 fr., et payait chacun de ses ouvriers, au nombre de 3,100 en tout, de 5 à 6 fr. par jour, tandis que Himmel-Fürst ne répandait en main-d’œuvre que 200,000 fr., et ne rétribuait ses 700 travailleurs du fond et de la surface, race appliquée et intelligente, que sur le pied moyen de 18 sous par jour[1].

Les recherches de M. d’Elhuyar ont fait connaître que la richesse moyenne de tous les minerais mexicains traités au commencement du siècle était d’un millième et 8/10 à 2 millièmes et demi, ou, pour parler le langage des mineurs, de trois à quatre onces d’argent par quintal. Des essais récens, faits par les procédés les plus parfaits qu’indique la science moderne, confirment pleinement cette évaluation de l’ancien directeur-général des mines du Mexique. Cette pauvreté du minerai mexicain, même avec l’abondance qu’en offre le sol, en rendait la mise en œuvre difficile. Si le Mexique recelait en lui les richesses des Mille et une Nuits, il fallait les conquérir. Elles eussent été gardées par des dragons, comme celles de la fable, qu’on n’eût pas eu plus de peine à s’en emparer. Quelques mots le feront comprendre.


II. — CARACTÈRE DE L’EXPLOITATION DES MINES DU MEXIQUE.

On donne à l’Amérique le nom de Nouveau-Monde. On se douterait peu qu’on soit dans un monde nouveau quand on débarque à New-York, à Philadelphie, à Québec, à la Havane, ou quand on se promène dans les rues de Boston et d’Albany. Philadelphie et New-York, Boston et Albany, c’est la vieille Angleterre, c’est la descendance de Bristol, de Hull, de Liverpool, et à la première génération. Même style de construction, de petites maisons proprettes en briques avec de petites portes et de petites allées, la cuisine sous le rez-de-chaussée ; même multiplication des églises, même race d’hommes plus endimanchée pourtant, de même que la ville ; même coupure de la vie. La Havane, c’est l’antique Espagne, des rues tortueuses et étroites, le long desquelles

  1. Voir Humboldt, Essai sur la Nouvelle-Espagne, III, p. 206, et d’Aubuisson, Mines d’Allemagne, III, p. 6 à 45.