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LA SUISSE EN 1847.




DES REVOLUTIONS ET DES PARTIS DE LA CONFEDERATION HELVETIQUE.




La situation politique de la Suisse appelle et retient, depuis plusieurs années, l’attention inquiète de l’Europe. Des révolutions partielles se succèdent avec une sorte de régularité dans les états qui composent cette agrégation de républiques, et l’assemblée souveraine qui devrait régler l’emploi des ressources communes, concilier les différends accidentels, se trouve ordinairement réduite à enregistrer ces changemens violens et brusques, en formulant parfois de vaines protestations. Au milieu de cette perturbation profonde de l’ordre politique, des symptômes alarmans pour le maintien de l’ordre social se manifestent sur plusieurs points d’un territoire qui, malgré son peu d’étendue, appartient au domaine de trois des principaux idiomes de l’Europe occidentale. Enfin les questions les plus difficiles et maintenant les plus périlleuses parmi celles qui touchent aux intérêts religieux trouvent en Suisse une arène où les réclamations de la conscience et les incertitudes du raisonnement sont journellement soumises à l’arbitrage de la force. Un tel spectacle, partout où il nous serait offert, ne saurait manquer d’exciter un vif intérêt ; mais ce n’est pas avec des sentimens de pure curiosité que l’Europe doit assister aux débats intérieurs de la Suisse. La situation géographique de ce pays en accroît singulièrement l’importance, et le place fort au-dessus du rang que lui assignerait, dans toute autre portion du continent, sa population d’un peu plus de deux