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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 17.djvu/293

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possible, éviter aux importateurs, outre le poids de la taxe, les difficultés et les embarras qui accompagnent toujours la perception. Si on tient à connaître, pour les besoins de la statistique, les quantités importées, il suffirait d’exiger de simples déclarations, qui, pour une matière de ce genre, ne s’écarteront jamais beaucoup de la vérité. Que si l’on veut absolument établir un droit de balance, au moins ne faut-il pas qu’il soit perçu à l’hectolitre ou au quintal métrique ; sur cette base, il serait toujours trop fort. Pour une matière aussi encombrante et aussi lourde, qui se transporte toujours d’ailleurs par quantités considérables, le droit, s’il en existe un, ne peut être convenablement établi qu’au tonneau. Encore vaudrait-il mieux n’exiger, comme on le fait pour les navires à vapeur de la marine marchande, qu’un droit de 15 centimes pour 100 francs de valeur.

Ce n’est pas tout. La franchise accordée pour la houille crue doit s’étendre à la houille carbonisée ou coke. Et pourquoi donc la loi actuelle fait-elle à cet égard une différence ? Est-ce parce que la carbonisation est un commencement de travail, que l’on veut réserver au pays ? Que n’a-t-on songé aux travaux bien autrement importans que le coke alimente, par exemple la production de la fonte et du fer ? Dans les documens officiels, on estime ordinairement que la carbonisation de là houille en réduit le poids de moitié, et, quoique cette estimation soit en général trop forte, rien n’empêche de l’accepter. C’est de là qu’on est parti sans doute pour admettre en principe qu’un hectolitre de coke représente deux hectolitres de houille, et pour le frapper en conséquence d’un double droit. Cette conclusion n’eût été juste pourtant, même au point de vue du système protecteur, qu’autant que le coke eût été de la houille condensée, et non pas de la houille carbonisée ; car c’est alors seulement qu’un hectolitre en aurait véritablement représenté deux sur le marché. La houille ne pouvant pas remplacer convenablement le coke pour certains emplois spéciaux, on la carbonise souvent sans autre but que de la réduire à l’état de coke ; or, il est naturel et nécessaire que cette opération, qui doit diminuer considérablement le poids de la marchandise, soit exécutée d’avance, au point du départ, afin qu’on évite par là dans le transport un surcroît inutile de frais. Vouloir qu’il en soit autrement, forcer les étrangers, par le doublement des droits, comme le fait la loi actuelle, à nous apporter de la houille quand nous avons besoin de coke, ce n’est pas autre chose au fond que nous imposer à nous-mêmes de doubles frais de transport. Est-il un plus étrange calcul ? C’est faire exactement le contraire de ce qu’on fait quand on améliore les voies de communication, dans le dessein d’économiser ces mêmes frais. C’est annuler d’un seul trait de plume les avantages si chèrement acquis que ces améliorations promettent. Il faut donc que les droits établis sur le coke venant de