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sur ses épaules le soufflet avec lequel il excitait le feu, à ce puissant maître de forges qui, dans ses seuls ateliers, fait deux ou trois fois autant de fer qu’en pouvait consommer l’empire romain, et que, dans ces derniers temps, nous avons vu, en Belgique, peser sur le gouvernement jusqu’à lui faire demander l’union douanière avec la France, et chez nous signifier impérieusement qu’il ne voulait pas de cette union ! La plupart des anciennes banques, et d’abord celle de Venise, la première de toutes (elle date de 1157), et celle de Gênes, qui est de 1407, naquirent des embarras des gouvernemens. Pour obtenir de l’argent dans des temps de guerre où le trésor public était épuisé, l’état concédait à des capitalistes devenus ses créanciers, à titre de gratification, un privilège, tel que celui de servir de caisse générale, où les commerçans déposaient leurs espèces, et de faire au commerce des prêts sur dépôts. À Venise et à Gênes, il n’y avait pas de billets de banque. Les crédits que la banque accordait aux négocians en échange des valeurs qu’ils déposaient chez elle n’étaient représentés que par des chiffres inscrits sur les registres de la banque et rendus authentiques. La banque de Stockholm, qui est de 1557, paraît être la première où l’on ait eu, même à demi, la notion du billet de banque actuel. Les récépissés délivrés par cette institution aux négocians qui avaient des fonds chez elle circulaient à peu près comme argent comptant dans toute la Suède et étaient reçus en paiement des marchandises. Mais le billet de banque régulier, le billet de banque en coupures rondes et uniformes, le billet de banque assimilé au numéraire, n’apparaît qu’avec la banque d’Angleterre fondée en 1694, presque aussitôt après la révolution qui renversa les Stuarts. La banque d’Angleterre, de même que celles de Venise et de Gênes, dut son origine aux difficultés financières qu’éprouvait le gouvernement. Une des conditions de son existence fut que le capital tout entier (il était de 1,200,000 liv. sterl., environ 30,000,000 fr.) serait prêté à l’état. La banque d’Angleterre fut dès l’origine ce qu’elle a continué d’être, un engin de gouvernement se chargeant pour le compte de l’état de différens services financiers, tels que celui du paiement des intérêts de la dette publique. Un de ses principaux objets fut alors comme aujourd’hui de faire des avances à l’état dans les momens critiques et même en temps ordinaire, au moyen des billets de banque qu’elle fait circuler. C’est elle qui négocie les bills de l’Échiquier analogues à nos bons du trésor, sortes d’effets à trois ou six ou douze mois de date que l’état émet et qui font partie de la dette flottante. La banque d’Angleterre eut parmi ses attributions l’escompte des effets de commerce, c’est-à-dire l’échange de ces effets avant leur échéance contre des billets, en retenant une prime proportionnée au temps qui reste à courir : innovation féconde, ignorée jusque-là de toutes les banques, de celles d’Amsterdam, de Hambourg, de Nuremberg, comme de celles de Venise et de