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seraient destinés à cette surprise. Il pensait que, pour répandre l’alarme sur plusieurs points à la fois, 20,000 hommes environ seraient débarqués à 60 ou 70 milles de Londres, dans l’ouest du port de Douvres, et le même nombre dans l’est de cette ville. 200 ou 250 chaloupes canonnières rassemblées à Boulogne porteraient le détachement, qui partirait de ce port, et, avec un calme parfait, elles pourraient, en moins de douze heures, grace à leurs avirons, traverser le détroit. Au même moment, le télégraphe ferait appareiller la seconde division, réunie à Ostende et à Dunkerque. Il était probable que, pendant ce temps, les flottes de Brest, de Rochefort et du Texel, ne resteraient pas inactives et parviendraient à opérer une diversion importante, soit en Irlande, soit sur un point quelconque de la côte d’Angleterre. En tout cas, en se tenant prêtes à mettre sous voiles, ces flottes retiendraient les escadres anglaises dans la mer du Nord et le golfe de Gascogne, et ne leur permettraient pas de se porter au secours du territoire menacé. Il ne fallait donc compter, pour s’opposer aux tentatives de la flottille, que sur les forces rassemblées en ce moment entre Orfordness et Beachy-Head. Ces forces se composaient d’une escadre de frégates et de bâtimens légers destinée à surveiller les mouvemens de l’ennemi, et d’une flottille spécialement réservée pour la défense du littoral. Nelson voulait que cette flottille, armée en partie par cette milice maritime connue sous le nom de Sea-Fencibles, fût stationnée de Douvres jusqu’aux Dunes. S’il faisait calme au moment de l’apparition des chaloupes françaises, elle devait se porter à la rencontre de l’ennemi de toute sa vitesse, ne point l’attaquer avec des forces trop inférieures, mais l’observer et le suivre jusqu’au moment où une occasion favorable s’offrirait d’en venir aux mains. Si la moindre brise s’élevait, c’était aux frégates et aux bricks que revenait le soin de détruire l’armée d’invasion ; mais, dans le cas où le calme persisterait, la flottille anglaise, quelle que pût être l’infériorité de ses forces, ne pouvait plus hésiter à assaillir la flottille ennemie dès qu’elle toucherait le rivage. Elle en devrait attaquer ce qu’elle pourrait, la moitié ou les deux tiers. Ce serait toujours une diversion très utile aux troupes chargées de repousser le débarquement, car, l’artillerie des chaloupes françaises étant placée sur l’avant, leur poupe