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réservoirs de force motrice. C’est ce qui était accompli au Potosi dès la fin du XVIe siècle, et les ateliers du Potosi continuent d’être desservis par ce moyen. Les moulins à vent ont été employés accidentellement au Mexique par un ingénieur français, M. Doy ; ils pourraient l’être, ainsi que l’indique M. Duport, d’une manière continue et générale dans toutes les mines, pour la portion du minerai qui est la plus pauvre. La vapeur n’a jamais été mise en œuvre pour la trituration du minerai, et elle ne pourrait l’être qu’autant que les forêts auraient été régénérées ; mais la restauration forestière ne serait pas difficile, si on le voulait bien, dans ces contrées où la population est rare et où il n’y a pas de grands intérêts qui y soient opposés ; ce n’est pas comme dans nos départemens des Pyrénées et des Alpes dont les habitans, n’ayant de ressources que dans le pâturage, ont besoin de mener paître leurs bêtes à tout prix, et ne peuvent guère consentir à ce qu’on fasse de grandes réserves dans les espaces ci-devant forestiers aujourd’hui dénudés où ils les conduisent. La force de la végétation étant très grande dans les régions équinoxiales, la reproduction du combustible serait rapide sur tous les terrains qui n’ont pas une élévation excessive. On rencontre assez souvent dans les montagnes du Mexique des bassins assez étendus qui furent jadis des lacs, où on a trouvé quelquefois de la tourbe ; en cherchant, on en découvrirait sans doute des dépôts plus fréquens. Sur quelques points du Nouveau-Monde, non loin des mines, on a reconnu des couches de houille, au Pérou par exemple, auprès des incomparables mines de Pasco, qui semblent les plus riches de l’univers. Au Mexique, rien de semblable ; mais il n’est pas démontré que quelque jour, si le pays était coupé de bonnes routes, et que la production intérieure fût mieux organisée de manière à offrir des retours au commerce[1], la houille de la Nouvelle-Écosse et, à plus forte raison, celle qui existe près de Tampico, ne pourrait pas être livrée aux mines mexicaines à des prix abordables. A 5 francs par 100 kilogrammes, ce que l’industrie européenne considère comme un prix exorbitant, les producteurs d’argent du Nouveau-Monde s’estimeraient trop heureux d’avoir de la houille[2]. Enfin, dans la plupart des cas, les progrès de la culture et

  1. Le Mexique pourrait expédier au dehors des farines et du sucre, peut-être même du coton, s’il avait de bonnes voies de transport. Sous le régime colonial, il exportait des farines et du sucre.
  2. Par heure et par force de cheval, une très bonne machine à vapeur brûle aujourd’hui 3 kilogrammes de charbon, et un cheval de vapeur a une force double d’un cheval de chair et d’os, et vaut, par conséquent, dix hommes. Les hommes et les bêtes travaillant huit heures par jour, 24 kilogrammes de houille, qui, à 5 francs les 100 kilogrammes, coûteraient 1 franc 20 cent., produiraient le travail de deux animaux, dont la nourriture revient à 2 francs au moins et souvent à beaucoup plus, et celui de dix hommes, qui coûtent, d’après une moyenne de 3 francs par tête, 30 francs. L’avantage serait bien autrement grand avec des chutes d’eau ou des moulins à vent.