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maintenant effectuée ? Elle pourrait être, dans cette direction, brusque et instantanée, sans qu’il en résultât aucune perturbation fâcheuse, car les denrées agricoles sont en général trop encombrantes et trop lourdes, les besoins sont d’ailleurs trop grands à l’intérieur, et l’excédant de la production trop borné au dehors, pour qu’on puisse redouter un ébranlement soudain. Nous admettrions cependant que l’on procédât en cela, comme en tout le reste, avec mesure. Les droits actuels seraient donc d’abord réduits de moitié. Il serait bon seulement que l’on réduisît dans une mesure plus forte ceux qui, dans le tarif actuel, excèdent la mesure commune, parce que, dans l’intérêt même de l’ordre de la production, on doit aspirer à établir en cela l’égalité. Ainsi, pour ne citer qu’un exemple, les chanvres ne seraient pas, comme dans le tarif actuel, taxés plus fortement que les lins, dont la valeur vénale est plus grande. S’il y avait une distinction à faire entre ces deux produits, on la ferait plutôt en sens inverse. Pour les bestiaux, on reviendrait tout d’abord au tarif de 1822. En ce qui concerne les céréales, on ferait disparaître l’échelle mobile, dont l’expérience a suffisamment montré les déceptions, et on remplacerait les droits variables par un droit fixe et modéré, calculé sur la base de tous les autres. Une telle réforme, sans être sujette à aucun trouble, n aurait pour les classes ouvrières, pour les manufactures, pour l’agriculture surtout, que de bienfaisans effets. Les propriétaires mêmes seraient bientôt étonnés d’y avoir en somme autant gagné que perdu.

Maintenant que nous avons considéré la question de la liberté commerciale au point de vue des grandes industries foncières dont toutes les autres relèvent, l’exploitation des mines, la métallurgie et l’agriculture, il ne nous reste plus guère qu’à tirer les conséquences pratiques de tout ce qui précède, et à nous rendre compte en même temps de l’action que pourrait exercer sur le revenu public la réforme que nous proposons. Ce sera l’objet de la dernière partie de notre travail.


CH. COQUELIN.