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comme s’ils étaient Français. Aucun sujet d’un autre gouvernement ne pourrait être admis sur le même pied d’égalité dans les colonies des deux puissances.

Afin d’éviter les discussions qui pourraient résulter entre les deux gouvernemens d’un passage continuel de ses armées à travers la Péninsule, la France céderait le Portugal à l’Espagne. L’Espagne lui céderait en échange un territoire équivalent sur la rive gauche de l’Èbre.

L’ordre de la succession au trône d’Espagne serait réglé définitivement.

L’empereur s’occuperait de satisfaire le vœu que sa majesté catholique lui avait récemment exprimé, dans une lettre confidentielle, d’unir son fils aîné, le prince des Asturies, à une princesse de la famille impériale ; mais cet engagement tout verbal ne ferait point partie du traité.

Il y aurait entre les deux puissances une alliance offensive et défensive permanente. Une convention fixerait ultérieurement le contingent le troupes et de vaisseaux qu’elles devraient se fournir, le cas échéant.

M. Isquierdo s’éleva avec beaucoup de force contre des propositions si étranges. Il dit que l’Espagne ne saurait ouvrir l’accès de ses colonies aux commerçans français et les y admettre sur le même pied d’égalité que ses propres sujets, sans aliéner ses possessions transatlantiques. Il ajouta que l’Angleterre ne consentirait jamais à ce qu’un tel privilège fût concédé à la France, et que, l’Espagne ne pouvant, en temps de guerre, communiquer avec l’Amérique, ses colonies seraient perdues pour elle comme pour la France. Enfin, sa majesté catholique ne pourrait accorder ce qui lui était demandé sans violer les lois fondamentales de la monarchie.

En ce qui touchait l’échange du Portugal contre les provinces situées sur la rive gauche de l’Èbre, M. Isquierdo combattit cette proposition avec beaucoup de véhémence. « Elle était entièrement opposée, dit-il, aux stipulations du traité de Fontainebleau. La maison d’Espagne venait d’être dépouillée du royaume d’Étrurie ; le coup était cruel. La France, pour l’en dédommager, lui avait expressément garanti toute la partie du Portugal située entre le Duero et le Minho, y compris la ville d’Oporto. La combinaison qu’elle proposait aujourd’hui tendait à priver le roi d’Étrurie de toute indemnité. Cela n’était ni judicieux, ni équitable. Les droits du jeune prince étaient sacrés : il n’appartenait à personne de les fouler aux pieds. D’ailleurs, le Portugal, privé de ses colonies, n’était plus pour l’Espagne qu’une possession d’une faible importance. » Puis il peignit le désespoir qui s’emparerait des populations voisines des Pyrénées, lorsqu’elles verraient leurs lois, leurs libertés, leurs privilèges sacrifiés à la France. « Quant à moi, s’écria-t-il, je ne