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LE


SALON DE 1847.




LA SCULPTURE.




M. Pradier s’est essayé cette année dans un genre qui malheureusement ne convient pas à son talent, dans la sculpture chrétienne. Il possède, en effet, un talent essentiellement païen, et il doit savoir mieux que personne à quoi s’en tenir sur la valeur du groupe qu’il a envoyé au Louvre. Sa Pietà, nous devons le dire, ne satisfait à aucune des conditions du sujet. Ni le Christ, ni la Vierge, n’ont l’expression et l’attitude qu’ils devraient avoir. Sans doute, il y a dans le torse et les membres du Christ plusieurs morceaux exécutés avec une remarquable habileté ; à cet égard, M. Pradier a fait ses preuves depuis long-temps. Qu’il choisisse un sujet païen ou chrétien, nous sommes sûr de retrouver dans chacun de ses ouvrages une imitation savante de la forme humaine ; mais les lignes générales du corps manquent absolument d’harmonie ; le pied droit qui va rejoindre la main du même côté blesse le goût, et nous étonne dans un ouvrage de M. Pradier. Si l’on peut, en effet, contester à bon droit l’originalité des œuvres que l’auteur a signées depuis vingt ans, si ces œuvres, étudiées attentivement, relèvent plutôt de la mémoire que de l’imagination proprement dite, il est impossible de