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LES MARONITES.




UN PRINCE DU LIBAN,
SCENE DE LA VIE ORIENTALE.




I. – LE KIEF.

Beyrouth, à ne considérer que l’espace compris dans ses remparts et sa population intérieure, répondrait mal à l’idée que s’en fait l’Europe, qui reconnaît en elle la capitale du Liban. Il faut tenir compte aussi des milliers de maisons entourées de jardins qui occupent le vaste amphithéâtre dont ce port est le centre, troupeau dispersé que surveille une haute construction carrée garnie de sentinelles turques, et qu’on appelle la tour de Fakardin. Je demeurais dans une de ces maisons, éparses sur la côte comme les bastides qui entourent Marseille, — et, prêt à partir pour visiter la montagne, je n’avais que le temps de me rendre à Beyrouth pour trouver un cheval, un mulet, ou même un chameau. J’aurais encore accepté un de ces beaux ânes à la haute encolure, au pelage zébré, qu’on préfère aux chevaux en Égypte, et qui galopent dans la poussière avec une ardeur infatigable ; mais en Syrie cet animal n’est pas assez robuste pour gravir les chemins pierreux du Liban, et pourtant sa race ne devrait-elle pas être bénie entre toutes pour avoir servi de monture au prophète Balaam et au Messie ? Je réfléchissais là-dessus en me rendant pédestrement à Beyrouth vers ce moment de la