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LITTERATURE CONTEMPORAINE




LES POETES ET LE PUBLIC.




Galerie des Poètes vivans, par M. Auguste Desplaces.


Allons, décidément on nous trompait… Que nous dit-on tous les jours ? « La poésie est morte en France ; l’industrie l’a tuée ; l’amour de l’idéal a fait place à l’amour du gain, etc. » Pure calomnie ! Voici un critique, poète lui-même, qui s’est chargé de faire le dénombrement de nos poètes ; eh bien ! il n’en compte pas moins de dix-sept ; — dix-sept, auxquels il consacre un portrait, sans compter un fort bel assortiment de poètes naissans ou inférieurs auxquels il accorde un médaillon. C’est déjà fort bien ; mais voici qui est mieux encore : quand M. Desplaces nous a bien promenés devant ces portraits ou médaillons, et qu’arrivés au bout de la galerie nous croyons avoir épuisé nos richesses, il nous surprend bien agréablement en s’écriant, comme don Rur : J’en passe, et des meilleurs ! Voilà qui est tout-à-fait rassurant !

Quelques-uns de ces portraits sont sans doute un peu flattés, mais pas autant qu’on pourrait le croire. M. Desplaces mêle à propos le blâme à l’éloge ; seulement il blâme à regret, et loue avec plaisir ; c’est une excellente disposition. Peut-être y a-t-il beaucoup plus de vérité dans cet optimisme que dans les interminables jérémiades, les De profundis littéraires dont on nous régale tous les jours ; peut-être jamais la poésie n’a-t-elle été plus cultivée qu’aujourd’hui et avec plus de succès. Bien des gens n’en conviendront pas : j’avoue qu’il est infiniment