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sur le bureau de la chambre des communes ; c’est le 27 avril que M. Coletti prononçait la dissolution du parlement et convoquait la représentation nationale pour le 22 juillet prochain. Au milieu des difficultés qui l’environnent, le courageux président du ministère grec fait un appel direct et solennel aux institutions et à l’opinion de son pays ; il est convaincu que la Grèce approuve l’esprit dans lequel il l’a gouvernée, et il lui demande de manifester hautement cette adhésion. M. Coletti est encore persuadé que l’opposition, qui est si bruyante à la tribune, n’a pas pour elle les véritables sympathies du pays, et il espère le prouver aux plus incrédules par les résultats électoraux. Il a pensé qu’en prenant une attitude aussi nette, il aurait plus de force et d’autorité non-seulement à l’intérieur, mais vis-à-vis des puissances européennes. En effet, l’Europe, surtout l’Europe constitutionnelle, assistera avec une bienveillante curiosité à cette exécution franche et loyale du régime représentatif et de ses conditions nécessaires. Les adversaires de la Grèce lui ont reproché des tendances anarchiques ; elle répond en se montrant fidèle aux lois du gouvernement constitutionnel, et en provoquant l’avènement d’une majorité vraiment nationale.

L’Allemagne a toujours les yeux fixés sur Berlin, et suit avec le plus profond intérêt les travaux de la diète, qui a su éviter avec une loyauté habile toute collision fâcheuse avec la royauté. La diète est entrée maintenant dans l’examen des affaires positives ; les difficultés irritantes sur les théories et les principes ont été en partie éludées ou ajournées. L’Autriche, depuis les affaires de la Gallicie, a continué d’être agitée soit par la crainte de nouveaux périls, soit par l’essai de réformes destinées à les prévenir, soit enfin par la crise alimentaire qui a éclaté sur plusieurs points de l’empire et principalement dans les villes manufacturières de la Bohème. Le gouvernement autrichien, dont les lenteurs sont connues, a senti cependant la nécessité de déployer plus d’activité, de faire aux paysans des concessions essentielles. Désormais les corvées sont rachetables dans toutes les provinces encore soumises à la législation féodale. Les états provinciaux eux-mêmes, si limités dans leur action politique, ont prêté à l’administration tout l’appui moral dont elle avait besoin pour aplanir les premières difficultés de cette réforme. Grace à ce concours éclairé de l’autorité souveraine et de la noblesse, un très grand nombre de paysans de l’archiduché ont déjà émancipé leurs propriétés. Au milieu de ces agitations et de ces travaux, la famille impériale a fait une grande perte. L’archiduc Charles, général illustre, esprit indépendant et libéral, a terminé dans une retraite remplie par l’étude sa glorieuse carrière. Il laisse après lui une des renommées les plus recommandables et les plus pures de ce temps-ci. Quelques mois auparavant, l’archiduc Joseph est mort à Bude, après avoir gouverné la Hongrie durant un demi-siècle, soit comme lieutenant du royaume, soit comme palatin. Sa perte est pour la Hongrie un grave événement politique. Qui pourra remplir les mêmes fonctions avec sa remarquable prudence, au milieu des nobles magyars, divisés plus que jamais en conservateurs et en progressistes, et de la race magyare tout entière, pressée de jour en jour plus vivement par les Illyriens au midi, les Roumains à l’est et les Slovaques au nord ? Les Magyars ont porté leurs espérances sur le fils de l’archiduc Joseph, l’archiduc Étienne, prince très populaire parmi eux pour avoir été élevé dans l’amour de leur langue et de leurs habitudes na-