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L'IRLANDE


ET


LE PARLEMENT ANGLAIS EN 1847.




LA LOI DES PAUVRES.




La condition sociale de l’Irlande est, pour l’Angleterre, ce que la guerre d’Espagne fut pour Napoléon. L’empereur avait beau mener à l’autre extrémité de l’Europe ses aigles victorieuses, sa pensée soucieuse restait enchaînée au pied des Pyrénées ; il sentait qu’il laissait là, à sa porte, à son foyer, quelque chose comme un ennemi domestique ; cette incessante inquiétude arrêtait tous ses élans, paralysait tous ses mouvemens ; en un mot, il n’était pas libre. L’Angleterre, elle aussi, a beau s’élancer à pleines voiles et à toute vapeur sur toutes les mers du monde, jeter sur tous les rivages les merveilles de son industrie ; elle a beau, s’étendre, se dilater, se multiplier, se rire de l’espace, elle se sent retenue par une chaîne qui de temps à autre lui donne des secousses douloureuses. Tant qu’elle devra laisser après elle l’arrière-pensée de l’Irlande, l’Angleterre ne sera pas tranquille, elle ne sera pas libre.

La famine de cette année a été pour elle un enseignement terrible.