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REVUE DES DEUX MONDES.

narrateur répandent sur des tableaux tracés avec une impartialité digne de l’histoire. Ce qui recommande les Voyages et aventures au Mexique, de M. Ferry[1], c’est la forme animée, dramatique de quelques récits où se révèle un vif sentiment des mœurs et de la nature mexicaine. Enfin, dans une suite d’études que la Revue a publiées en partie, c’est la physionomie de Paris contemplé dans quelques-uns de ses plus curieux aspects[2] que M. Esquiros a su reproduire avec une exactitude qui chez lui n’exclut pas l’émotion. Il y aurait mauvaise grace à insister long-temps sur le mérite de ces travaux là même où ils ont trouvé place ; mais nous avons quelque droit du moins de nous féliciter de la tendance qu’ils indiquent, et nous aimons à citer en regard des succès équivoques de l’improvisation les heureux efforts dur talent fécondé par la réflexion, fortifié par la patience.


— Tout le monde comprendra l’opportunité de l’écrit que M. Saint-Marc Girardin vient de publier sur l’instruction intermédiaire[3]. C’est un commentaire ingénieux du règlement de 1840, fait par M. Cousin, sur l’ensemble et la diversité des études de collége ; mais, dans ce commentaire, M. Saint-Marc a mis son esprit et ses vues. L’auteur a voulu faire pour les études telles qu’elles sont et telles qu’elles devraient être en France ce qu’il avait tenté déjà en 1835 et 1839 sur l’état de l’instruction intermédiaire dans le midi de l’Allemagne. Il veut qu’on tienne compte de l’état réel des collèges, qui offrent un aliment suffisant à toutes les vocations. Les écoles annexes qui ont été attachées aux collèges dans plusieurs villes, les cours de sciences et d’histoire naturelle, sagement gradués et laissés au choix des parens et des élèves, au lieu de leur être imposés comme obligatoires, témoignent assez que l’Université s’est mise au niveau des besoins du jour, et qu’elle est plus progressive dans ses lentes, mais sages modifications, que certaines maisons qui, sous prétexte de progrès, rendent les études encyclopédiques, c’est-à-dire le savoir superficiel, obligatoires à tous leurs disciples. L’auteur termine par une brillante apologie des études classiques et par des argumens nouveaux en faveur des littératures anciennes. Si nous n’étions convaincus d’avance, nous aurions été persuadés, rien qu’à voir combien la pratique de l’antiquité a donné de solidité et de relief aux argumens de M. Saint-Marc Girardin.


V. de Mars.
  1. Un volume in-18, chez Charpentier.
  2. Paris ou les sciences, les institutions et les mœurs au dix-neuvième siècle ; deux volumes in-8o, chez Jules Renouard.
  3. De l’Instruction intermédiaire et de ses rapports avec l’instruction secondaire. in-8, Paris, Jules Delalain. 1847.