cinq prisonniers, garrottés sur leurs chevaux à l’aide des lazos, furent traînés en triomphe dans Monterey.
Cette escarmouche, suivie de quelques autres combats insignifians, marqua seule la journée du 19. Protégés par l’épaisseur du bois, les Américains n’avaient pas laissé reconnaître aux éclaireurs mexicains quelles pouvaient être leurs forces, et leur artillerie était également restée masquée. Le jour suivant fut encore employé par eux en préparatifs d’attaque. Cependant les diverses reconnaissances qu’ils poussèrent semblaient impliquer l’intention de commencer les opérations par le cerro del Obispado, et de couper les communications entre ce cerro, la ville et la citadelle. Pour en venir là, il fallait avant tout débusquer les Mexicains du pont de la Purisima et des redoutes de l’hacienda de la Teneria et du rincon del Diablo, défendues par des corps de vétérans. Le 21, en effet, l’attaque commença par ces trois points. Malgré la supériorité du nombre, les Américains furent repoussés avec perte. Cette triple tentative leur coûta, en morts et en blessés, plus de mille hommes. Découragés par une si chaude réception, les soldats de l’Union regagnèrent les bois qui les avaient jusqu’alors protégés. La fortune souriait encore aux Mexicains.
La nuit se passa sans que les Américains cherchassent à prendre une revanche. Le découragement commençait à se glisser dans le camp de Taylor ; les volontaires texiens rappelaient que leur engagement était arrivé à son terme, et parlaient de déposer les armes. Une attaque des assiégés eût achevé de porter le trouble dans une armée ainsi déconcertée, et le général en chef Ampudia eut une inspiration heureuse en faisant sortir, cette nuit même, six cents cavaliers chargés de tenir en haleine l’arrière-garde ennemie. Malheureusement le général Romero, qui commandait ce détachement, ne put, ou, pour mieux dire, ne voulut pas accomplir comme il le devait cette mission importante. L’ennemi traversa donc la nuit sans encombre et put se tenir prêt pour l’attaque du lendemain.
Le 22 septembre au matin, Taylor tourna le pont et les redoutes qu’il avait en vain attaqués la veille, et dirigea ses colonnes d’attaque contre le cerro del Obispado, dont la possession pouvait le mettre en état de battre la citadelle à armes égales. Accueilli par un feu meurtrier, il fut obligé de se retirer de nouveau ; bientôt, se renforçant d’une brigade de troupes régulières, il revint à la charge : cette fois la chance tourna de son côté. Deux pièces de canon et un obus en mauvais état, qui défendaient le cerro, vinrent à crever. Cet accident détermina parmi les artilleurs mexicains un mouvement d’indécision dont les assaillans profitèrent, et, au moment où le général Ampudia envoyait deux autres pièces pour remplacer celles qui avaient éclaté, les Mexicains, culbutés par une charge vigoureuse, venaient d’abandonner