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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 juillet 1847.


Les chambres terminent leurs travaux, et la polémique se préoccupe à peu près exclusivement des résultats de la session. Les questions qu’un pareil examen ramène, nous les ayons traitées à mesure qu’elles se produisaient, et nous n’y reviendrons pas. Ce n’est pas le moment de se livrer à une énumération rétrospective des circonstances et des fautes qui ont empêché la session d’être heureuse et féconde ; c’est sur le présent, sur les devoirs qu’il impose, c’est aussi sur les éventualités extérieures, qu’il importe de fixer ses regards. Assurément, la situation n’offre pas de très riantes perspectives, surtout quand on la compare à l’état des choses et des esprits, il y a un an, à pareille époque. Il y a un an, une chambre nouvelle était nommée ; la France électorale usait de ses droits sans passions violentes, mais avec l’intention manifeste d’amener par ses choix des réformes utiles, et, sur plusieurs points, une transformation habile et sage de la politique qui, depuis 1830, avait eu la majorité. Alors le pays montrait sa foi dans l’efficacité de nos institutions, et plaçait dans l’avenir de légitimes espérances. Aujourd’hui, une sorte de découragement semble s’être emparé des intelligences ; une inquiétude sourde agite les imaginations. — Si nous avons la satisfaction de voir que l’ordre matériel n’a pas reçu d’atteintes, en dépit de quelques sinistres prophéties, sommes-nous dans toutes les conditions de cette sécurité morale qui n’est pas un des moindres besoins d’une société ? — C’est là ce que se demandent des esprits de bonne foi ; il y a dans ces appréhensions quelque chose d’excessif. Au reste, cette situation, dont il faut se préoccuper sérieusement, sans tomber dans les sombres hyperboles des partis extrêmes, le ministère l’accepte et parait disposé à en porter le poids avec résolution. Si l’espèce d’anarchie parlementaire qui s’est déclarée au sein de la majorité l’a affaibli un moment, il n’a pas cependant succombé devant elle, et il veut aujourd’hui faire