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REVUE LITTERAIRE.




LES POESIES NOUVELLES.




On a beaucoup parlé dans ces derniers temps d’une école du bon sens, d’un parti de pacificateurs et de sages jaloux de clore la révolution littéraire par une restauration plus ou moins libérale. Sans prétendre ici le juger, sans se demander même si deux ou trois noms distingués donnent bien l’idée d’une école, il est un point sur lequel on ne saurait lui refuser approbation et estime, c’est de n’avoir pas rougi du mot dont on prétendait lui faire une injure. Cette école n’a pas caché son drapeau. Estimant le bon sens avant toute autre qualité littéraire, elle a osé le dire, et, si la pratique a sur plus d’un point manqué de vigueur, le programme a été sans réticence ; c’est là du moins une position qui, avec bien des difficultés et bien des périls, conserve tous les avantages de la franchise avec soi-même et devant le public, toute la puissance des idées arrêtées, des efforts clairement définis, en un mot des situations nettes. Malheureusement, si le juste-milieu en littérature a ses défenseurs avoués, fiers de leur cause, combien plus ne compte-t-il pas dans ses rangs d’adeptes timides qui le renient, qui souvent même combattent comme critiques dans les rangs opposés, ennemis systématiques des tempéramens et de la conciliation littéraires, que l’on voit s’y épuiser dès qu’ils échangent la plume du juge contre celle du poète ! C’est une triste vérité que de nos jours, et de plus en plus, à mesure que les esprits se calment, la littérature a ses modérés honteux, honnêtes membres du centre qui votent avec les jacobins par imitation, par peur ou par esprit-fort, gens orgueilleux et faibles, qui en fait de qualités ont la prétention de celles-là mêmes dont ils sont le plus éloignés, la hardiesse et l’indépendance, et qui font les dédaigneux