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Gueulette, les frères Parfait, Riccoboni, Gherardi, d’Origny, ne laissent que peu de choses à désirer ; mais, sur la première période, celle qui s’étend depuis les premiers comédiens venus d’Italie sous Henri III, jusqu’aux troupes que Mazarin appela en 1645, nous ne savons à peu près rien. Les frères Parfait et ceux qui les ont copiés se sont contentés de transcrire trois paragraphes du Journal de l’Étoile, très curieux assurément, mais qui ne peuvent se passer de développemens et de commentaires. Nous allons, à notre tour, reproduire ces trois précieux passages, mais avec plus d’exactitude qu’on ne l’a fait, et nous tâcherons ensuite de les compléter par quelques informations puisées aux sources originales.

Voici d’abord ce qu’on lit dans l’Étoile : « En ce mois (février 1577), les comédiens italiens appelés Li Gelosi, que le Roy avoit fait venir de Venise et desquels il avoit payé la rançon ayant été pris par les Huguenots, commencèrent à jouer leurs comédies dans la salle des États à Blois ; et leur permit le Roy de prendre demi teston de tous ceux qui les viendroient voir jouer. » L’Étoile ajoute un peu plus loin : « Le dimanche 19 may, les comédiens italiens surnommez Li Gelosi commencèrent leurs comédies à l’hostel de Bourbon à Paris ; ils prenoient quatre sols de salaire par teste de tous les François, et il y avoit tel concours que les quatre meilleurs prédicateurs de Paris n’en avoient pas tous ensemble autant quand ils preschoient. » Enfin, on lit cette dernière mention : « Le samedi 27 juillet, Li Gelosi, comédiens d’Italie, après avoir présenté à la cour les lettres-patentes, par eux obtenues du Roy, afin qu’il leur fût permis de jouer leurs comédies nonobstant les deffenses de la Cour, furent renvoyés par fin de non recevoir, et deffenses à eux faites de plus obtenir et présenter à la Cour de telles lettres, sous peine de dix mille livres parisis d’amende applicable à la boëtte des pauvres ; nonobstant lesquelles deffenses, au commencement de septembre suivant, ils recommencèrent à jouer leurs comédies en l’hostel de Bourbon, comme auparavant, par jussion expresse du Roy la corruption de ce teins étant telle, que les farceurs, bouffons, p… et mignons avoient tout crédit auprès du Roy. »

Les frères Parfait se contentent d’ajouter qu’il parut, en 1584, une seconde troupe italienne à Paris, et une troisième en 1588 ; « mais, disent-ils, les auteurs qui ont fait mention de ces différentes compagnies n’ont marqué ni le nom des acteurs et actrices qui les composaient, ni les titres et sujets de pièces qu’ils représentèrent. » C’était précisément à ce silence regrettable que les historiens de la comédie italienne auraient dû tâcher de suppléer. A leur défaut, je vais essayer de retrouver les noms des acteurs et des actrices qui composaient ces troupes, et, autant que possible, les titres et les sujets des ouvrages qu’ils représentèrent.