à l’aide de l’accroissement progressif des recettes. Le budget ordinaire a dévoré les accroissemens de recettes, en même temps que les réserves de l’amortissement. Voilà la cause principale, première, du déficit actuel et du déficit permanent, de cette maladie vive et chronique qui altère nos finances. La conduite la plus raisonnable, enseignée par les faits, commandée par les intérêts économiques du pays, serait de se placer par un effort énergique dans les conditions prévues lors du vote de la loi de 1842, et de faire porter les plus fortes réductions sur le budget ordinaire. On dit que cela n’est pas possible ; l’a-t-on essayé ? l’a-t-on voulu ? Nullement. On n’a donc pas le droit d’arguer de cette prétendue impossibilité.
Personne ne soutiendra de bonne foi que, depuis neuf ans, les dépenses du budget ordinaire aient dû inévitablement s’élever de plus de 237 millions par an. La France n’est pas tellement changée depuis quelques années, que l’administration, suffisant à tous les besoins avant 1840, exige en 1848 un accroissement d’un sixième. Dans cette Revue même[1], M. Michel Chevalier faisait récemment ce curieux rapprochement. L’armée coûte annuellement aujourd’hui 100 millions au-delà de ce qu’elle a consommé pendant chacune des trois années qui se sont écoulées entre la paix d’Amiens et la bataille d’Austerlitz, et j’ai eu l’honneur de rappeler à la tribune que, dans certaines années, notre matériel naval en décroissance avait dévoré une somme égale à celle qui avait suffi pour entretenir la nombreuse et brillante marine britannique. On pourrait multiplier les comparaisons de ce genre ; dès qu’on se reporte à quelques années en arrière, on a peine à comprendre comment toutes ces augmentations insensibles de dépenses votées une à une, pour ainsi dire, goutte à goutte, sont enfin parvenues à créer la surcharge actuelle.
Je n’entrerai dans aucun détail ; je me garderai bien de céder aux exigences de ceux qui, tout en s’inquiétant fort peu de rétablir l’ordre dans les finances, veulent ne rien entreprendre, si toutes les réductions possibles ne sont pas précisées à l’avance. Ils savent très bien qu’au-delà de 25 ou 30 millions, aucune réduction ne peut être faite sur les chiffres du budget ordinaire, tels qu’on nous les présente ; les dépenses sont les conséquences de la conduite ; de même que les fautes administratives se résument en définitive dans le déficit financier, de même on ne peut combler ce déficit que par clés réformes administratives.
Je prends deux exemples : l’Algérie et la marine. Dans les dépenses civiles de l’Algérie, est-ce par la réduction des allocations, qui, une fois le système admis, restreindrait le développement de la colonisation, que
- ↑ Voyez la livraison du 1er juin 1847.