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étaient corinthiennes, parce qu’un chapiteau à feuilles d’acanthe fut trouvé dans les débris du Parthénon ; mais ce savant auteur, qui n’avait pas vu le chapiteau, ignorait qu’il fût romain, et même d’une mauvaise époque de l’architecture ; d’ailleurs l’ordre corinthien est rare dans la Grèce, presque inusité au temps de Périclès, et peu en harmonie avec le caractère grave et sévère de la fille de Jupiter.

Depuis le bombardement vénitien, le Parthénon, détruit dans sa partie moyenne, laisse pénétrer dans son intérieur entr’ouvert les rayons éclatans du soleil. Avec la façade principale, les ruines de l’est comprennent trois colonnes du nord et cinq du sud, toutes surmontées de leur entablement. Le groupe de l’ouest comprend l’autre façade avec six colonnes de chaque côté, également unies par les débris de l’entablement et du fronton. Entre ces deux groupes de ruines s’étend un large espace dans lequel il n’est resté debout que quelques tronçons des colonnes du péristyle. On peut remarquer sur les grands côtés de l’édifice que les deux fragmens de l’entablement, prolongés directement l’un vers l’autre, ne forment pas une ligne droite ; cependant les colonnes qui les supportent n’ont point changé de place, le sol n’a point cédé ; on peut s’en convaincre à la justesse de toutes les jointures des pierres et à l’absence de tout écartement des parties dans les substructions, les soubassemens et les degrés du temple. D’ailleurs, si dans l’explosion ou par l’effet du temps les deux façades s’étaient écartées l’une de l’autre, entraînant avec elles les colonnes voisines et leurs entablemens, toutes ces colonnes seraient inclinées en dehors ; on peut remarquer, sans prendre de mesures, que le contraire a lieu et que les colonnes sont inclinées vers l’intérieur. Il faut donc penser que l’entablement du Parthénon ne formait pas une ligne droite, mais qu’il s’inclinait des deux côtés et tournait sa convexité vers le ciel.

Voilà tout ce qui subsiste aujourd’hui de la partie architecturale du Parthénon le reste de l’édifice est répandu autour du temple ; on voit mêlés des chapiteaux, des tronçons de colonnes, les pierres des entablemens et des murs. Le temple est donc en grande partie détruit. Cependant, ce qui a le plus irrité le fanatisme[1] ou la cupidité, ce sont les sculptures de Phidias. Le fronton oriental a été brisé et comme réduit en poudre par l’explosion de 1687 ; il reste une tête de l’un des chevaux du Soleil mutilée et méconnaissable. Le fronton occidental, en grande partie conservé, se noircit aujourd’hui sous les brouillards de Londres ; une des statues fut enlevée par les Vénitiens, et les restes de deux autres se voient encore aux angles de ce fronton. Il y avait quatre-vingt-douze métopes, dont quatorze subsistent sur les deux façades de l’édifice ; quinze ont été arrachées par lord Elgin, qui n’a pas même respecté les triglyphes où elles étaient enchâssées ; une métope du côté du sud est au Musée de Paris ; deux se conservent sur l’Acropole ; les autres, enfin, n’existent plus. On peut voir au musée britannique toute la partie de la frise que n’a point détruite Morosini.

Les peintures qui décoraient le temple soit au dedans, soit au dehors, ont les premières cédé à l’action destructive du temps. Il n’en reste plus aujourd’hui que

  1. Les temples et les églises de la Grèce portent partout les traces de la barbarie des Turcs. Les têtes des statues ont été brisées, et quant aux fresques, ne pouvant les arracher, ils ont tiré à balles sur la poitrine et le visage de tous les personnages sacrés.