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s’était développé le génie de l’écrivain. A l’idée conventionnelle du beau, Wolf substitua celle de la vérité ; il chercha surtout dans les écrits un tableau fidèle de la société qui les avait inspirés. Qu’il y ait eu excès dans cette tendance, cela est possible : il ne faut pas oublier que les restes de l’antiquité sont à la fois des monumens et des modèles ; mais faire comprendre le génie antique était surtout alors le meilleur moyen de le faire aimer. On était las d’être en quête de beautés abstraites. Les esprits dégagés de toute prévention furent plus sensibles aux jouissances littéraires quand ils ne se fatiguèrent plus à les chercher. C’est là l’impression que nous cause aujourd’hui la lecture des poèmes homériques. Homère a peu perdu à être ramené aux conditions de l’humanité, à n’avoir pas fait ce qu’il était impossible de faire. Nous sommes plus sûrs ainsi qu’il est un de nous, nous nous reposons en lui avec plus de confiance. En nous révélant le vrai sens de l’œuvre dans laquelle Homère eut la meilleure part, Wolf lui a plus rendu qu’il ne lui avait enlevé. Homère, sans doute, ne se plaindrait pas d’être sacrifié de cette manière. En dépit de vaines déclamations, Wolf a ajouté quelque chose au prince des poètes, comme Phidias au maître des dieux.


C. GALUSKY.