Comme ce mot : Toujours ! dit par lui sur le seuil,
Du bonheur des élus payera leur accueil !
Il le sait, et près d’eux il sent bien en lui-même
Qu’on peut se faire un ciel de la terre où l’on aime.
Plus loin c’est un combat librement entrepris
Ici c’est le repos entre des bras chéris.
Un cœur est là qui s’ouvre, et, penché vers sa lèvre,
Demande à lui verser le flot dont il se sèvre,
Un lis qui lui gardait sa rosée et son miel ;
Ailleurs c’est le calice et l’éponge de fiel !
Ah ! va-t-il s’arrêter pour respirer cette ame ?
Va-t-il se souvenir qu’il est né d’une femme ?
L’arbre qui sur le monde un jour doit dominer,
Dans cet étroit jardin va-t-il s’enraciner ?
Et, n’offrant son appui qu’à cette jeune vigne,
Le chêne est-il perdu pour un fardeau plus digne ?
Si c’est le cœur humain qui dans vous a battu,
Si c’est bien notre chair qui vous a revêtu,
Et si tout fils d’Adam, né du même lignage,
O maître ! a droit de voir en vous sa propre image,
Ce n’est ni le désert, ni la tour de Sion,
Qui vous ont vu trembler dans la tentation,
Ni le bois d’oliviers qui, le jour du supplice,
Vous a vu repousser le plus amer calice.
Il passa : la prière abrégea le combat,
Et les anges ont dit qu’une larme tomba ;
Larme attestant l’effort, mais que Jésus avoue ;
L’urne des séraphins la reçut de sa joue,
Et des pauvres humains par un amour brisés
Les cœurs faibles et doux y seront baptisés.
Or, il marchait, rempli de cette ardeur plus prompte
Que puise dans la lutte une ame qui se dompte,
Prêt à tous les périls que Dieu dans ses desseins
Suscite à chaque pas sur la route des saints.
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